Ben Bernanke repart pour un mandat de quatre ans. En fin de semaine dernière, Barack Obama avait indiqué sa "pleine confiance" en Ben Bernanke . Les doutes avaient plané alors qu'un sénateur indépendant de gauche, Bernie Sanders avait affirmé dans un communiqué que l'actuel président a conduit le système financier dans un état tel qu'il n'a jamais été "aussi risqué et instable depuis la Grande Dépression". Il l'avait accusé de s'être "endormi aux commandes". La commission Bancaire du Sénat américain avait approuvé le 17 décembre la reconduction de Ben Bernanke à la tête de Fed, mais celle-ci devait être approuvée par le Sénat dans son ensemble. C'est chose faite : ce jeudi, le Sénat des Etats-Unis a approuvé par 70 voix contre 30, avec le soutien d'une partie de l'opposition républicaine, sa reconduction pour un deuxième mandat. Entre autres, les démocrates Russ Feingold, Barbara Boxer ou Jeff Merkley, n'ont pas cautionné ce choix. Ils reprochent à Ben Bernanke d'être trop étroitement lié à Wall Street. Jeudi encore, la Réserve fédérale Unis a renouvelé sa promesse de maintenir ses taux proches de zéro pendant un certain temps pour soutenir la reprise économique, fragilisée par un chômage élevé. A l'issue de sa réunion de deux jours, le comité de politique monétaire de la Fed, le Federal Open Market Committee (FOMC), a voté le maintien du taux d'intérêt des fed funds dans une fourchette comprise entre 0% et 0,25%. La décision a été prise par neuf voix contre une, le président de la Réserve fédérale de Kansas City Thomas Hoenig ayant voté contre. Il aurait souhaité que la banque centrale américaine supprime la phrase contenant la promesse de maintenir les taux d'intérêt à un niveau exceptionnellement bas pour une période prolongée. Thomas Hoenig, indique la Fed, estime que "les conditions économiques et financières ont suffisamment changé" pour laisser tomber cet engagement. La croissance économique est repartie au troisième trimestre et la plupart des économistes estiment que l'économie a crû à un rythme soutenu au cours des trois derniers mois de 2009. Toutefois, le taux de chômage reste à 10% et la consommation va sans doute rester atone tandis que le marché de l'immobilier résidentiel, qui fut à la racine de la récession qui a commencé en décembre 2007, a aussi montré des signes de regain de faiblesse ces derniers temps. Le ton général du communiqué de la banque centrale américaine est apparu un peu plus optimiste que lors de sa précédente réunion en décembre. "L'activité économique a continué de se renforcer", déclare la Fed. En décembre, la Fed avait simplement dit que l'activité économique avait continué de "se redresser". Le FOMC prévoit aussi que la reprise économique se fera à un rythme "modéré pendant un certain temps". Auparavant, la Fed avait indiqué que l'activité resterait sans doute "faible". La banque centrale note aussi que "la détérioration du marché du travail s'atténue." La Fed a toutefois supprimé le passage évoquant "des signes d'amélioration" du marché du logement qui figurait dans le communiqué de décembre après l'annonce d'une baisse inattendue des ventes de logements neufs en décembre (plus de détails ) et alors que les ventes de logements anciens ont elles fortement baissé . La Fed n'en a pas moins mentionné la fin prévue pour fin mars de son programme de 1.430 milliards de dollars d'achat de dette liée à des crédits immobiliers. A la suite de la décision de la Fed, le dollar a accru ses gains face à l'euro, la monnaie unique tombant sous 1,40 dollar pour la première fois depuis juillet. Certains ont interprété la dissension de Thomas Hoenig comme un signe que la Fed se rapprochait de la remontée de taux d'intérêt. "Ma traduction, c'est que l'urgence financière qui avait amené les fed funds proches de zéro en décembre 2008 n'est plus là et que la Fed doit s'adapter à une situation économique différente, bien qu'encore difficile", a commenté Peter Boockvar, chez Miller Tabak.