Le président de la Réserve fédérale, Ben Bernanke, a déclaré au Congrès jeudi que la banque centrale américaine inversera le plan monétaire massif " au moment voulu ". Devant le Comité des services financiers de la Chambre, M. Bernanke a déclaré que la Fed a abandonné progressivement ses programmes de prêt massifs vu l'amélioration des conditions financières. " Certaines facilités ont été abandonnées pendant l'année 2009, et d'autres ont expiré en février ", a expliqué le chef de la Fed. Les conditions économiques actuelles (reprise lente, taux de chômage élevé et absence de menaces d'inflation) constituent en quelque sorte une garantie que le taux directeur de la Fed restera très bas encore longtemps, explique en substance Ben Bernanke avant de préciser : "Néanmoins, lorsque l'expansion économique se sera fortifiée, la Réserve fédérale devra commencer à resserrer sa politique monétaire pour empêcher le développement de pressions inflationnistes". Parmi ces outils, il a notamment mentionné les opérations de reprise de réserves et une "facilité de dépôt à terme" qui permettrait d'inciter les institutions financières à réduire l'octroi de crédit en cas de résurgence des risques inflationnistes. Plusieurs économistes appelés à témoigner devant la commission de la Chambre après Ben Bernanke ont jugé, dans leurs témoignages préparés à l'avance, que cette stratégie comportait certains risques, notamment celui d'exposer la banque centrale au risque de crédit potentiel. Aussi, la faiblesse de la reprise économique aux Etats-Unis continue de justifier la politique de taux d'intérêt extrêmement bas de la Réserve fédérale, mais la banque centrale se tient prête à retirer ses mesures de soutien dès que la croissance se montrera solide. "L'économie a encore besoin du soutien de politiques monétaires accommodantes", a-t-il dit aux membres du Congrès. "Cependant, nous avons travaillé de manière à assurer que nous disposerons des outils permettant de retirer en temps opportun le très haut degré actuel de soutien monétaire." Pour faire face à la crise, la Fed a fortement réduit ses taux d'intérêt à un niveau réel de 0%. L'autorité monétaire américaine a également lancé un programme sans précédent de rachats d'actions pour plus de 1.700 milliards de dollars, en achetant des titres hypothécaires et des obligations du Trésor pour réduire encore davantage les coûts d'emprunts. Ben Bernanke a estimé que ces programmes avaient permis d'améliorer les conditions sur les marchés hypothécaires, à l'épicentre de la crise financière qui a débuté avec la chute des prix de l'immobilier entrainant avec elle une vague de défauts. Lors de sa réunion la semaine dernière, le Comité fédéral sur le marché ouvert (Federal Open Market Committee, FOMC), organe décisionnel sur le taux d'intérêt de la banque centrale, a décidé de maintenir le taux des fonds fédéraux à son niveau historique le plus bas de 0 % à 0,25 % afin de stimuler la reprise économique. Le FOMC a indiqué dans un communiqué après la réunion qu'il continue d'anticiper que les conditions économiques, y compris les taux bas d'utilisation des ressources, les tendances inflationnistes contenues et les attentes inflationnistes stables, justifieront probablement les niveaux exceptionnellement bas du taux des fonds fédéraux pour une période prolongée. M. Bernanke a expliqué jeudi qu'une telle décision a été prise car l'économie américaine " continue de nécessiter le soutien de politiques monétaires adaptées ".