La prestigieuse banque américaine Goldman Sachs est accusée d'avoir trompé ses clients en leur vendant des titres adossés à des prêts à risque, les fameux "subprime" à l'origine de la crise financière. Un scandale qui pourrait éclabousser d'autres banques, notamment en Europe. Le titre Goldman Sachs a immédiatement dévissé, vendredi, à cette annonce, entraînant dans sa chute l'ensemble des valeurs financières à Wall Street. L'hémorragie s'est rapidement étendue à l'Europe, lorsque les autorités boursières américaines ont annoncé que leur enquête se poursuivait et ont éludé une question sur la possibilité que Deutsche Bank soit à son tour visée. Pour l'heure, la plainte déposée au civil par le gendarme de la Bourse (SEC) devant la justice civile ne vise que Goldman Sachs et l'un de ses vice-présidents, le Français Fabrice Tourre, pour une affaire évaluée à plus d'un milliard de dollars. La banque a rapidement promis de se défendre "vigoureusement" contre des accusations "complètement infondées". Dès la semaine dernière, Goldman Sachs avait pris les devants, en assurant dans sa lettre annuelle aux actionnaires: "nous ne parions pas contre" nos clients... Mais selon la SEC, Goldman Sachs et Fabrice Tourre ont fait "des déclarations trompeuses et passé sous silence des faits essentiels sur certains produits financiers liés aux prêts subprime, au moment où le marché de l'immobilier d'habitation américain commençait à chuter" en 2007. La banque aurait notamment caché le fait qu'un de ses importants clients, le fonds spéculatif Paulson, avait poussé à la création du produit ABACU, qui inclut des valeurs immobilières au moment même où ce fonds prenait des positions pariant sur la chute du marché immobilier. "Goldman, à tort, a permis à un client qui jouait contre le marché hypothécaire d'influencer lourdement quels titres immobiliers devaient être inclus dans un véhicule d'investissement, alors qu'au même moment elle disait à d'autres investisseurs que ces titres étaient choisis par un tiers indépendant et objectif", a accusé un responsable de la SEC, Robert Khuzami. Notons sur un autre registre que les autorités américaines de régulation ont saisi vendredi les avoirs de huit banques en faillite, totalisant un montant de plus de six milliards de dollars. Parmi les huit banques en question figurent la Riverside National Bank of Florida (3,42 milliards de dollars d'avoirs) et la City Bank of Lynnwood (1,13 milliard de dollars d'avoirs). Selon Sheila Bair, présidente de la FDIC (Federal Deposit Insurance Corporation), les faillites bancaires vont atteindre un pic au troisième trimestre 2010. Signe de l'ampleur du marasme dans le secteur bancaire des Etats-Unis, le nombre de banques en difficulté a grimpé de 27% au quatrième trimestre 2009, en passant à 702, selon la liste dressée par la FDIC, soit 9% de l'ensemble des établissements bancaires américains.