Les contrats à terme sur le pétrole brut ont abandonné jusqu'à 2 dollars le baril lundi matin, plombés par les inquiétudes autour des poursuites pour fraude engagées par le gendarme boursier américain à l'encontre de Goldman Sachs Group Inc. (GS). "Goldman étant l'un des principaux opérateurs du marché pétrolier, les poursuites de la SEC ne sont clairement pas une bonne nouvelle pour les cours du brut", observe l'analyste Bjarne Schieldrop, chez SEB Commodity Research. Il estime toutefois que ces inquiétudes ont de bonnes chances de s'apaiser au cours de la séance. Vers 10h15 GMT, le prix du baril de "light sweet crude" pour livraison en mai reculait de 2,13 dollars à 81,11 USD tandis que le Brent de la mer du Nord, à échéance juin, cédait 2,24 dollars à 83,75 dollars. "Les prix du brut ont cédé du terrain, en ligne avec les autres marchés de matières premières, après de lourdes pertes à Wall Street consécutives à l'annonce de la fraude supposée chez Goldman Sachs", relevait Andrey Kryuchenkov de VTB Capital. La prestigieuse banque américaine Goldman Sachs est accusée par le gendarme des marchés américains, la SEC, d'avoir trompé ses clients en leur vendant des titres adossés à des prêts à risque, les fameux "subprime" à l'origine de la crise financière. "Comme Goldman Sachs est l'un des plus gros et des plus importants acteurs du marché des matières premières, certains investisseurs craignent évidemment des perturbations et prennent leurs bénéfices", remarquaient les analystes de Commerzbank. "Le brut a subi une pression supplémentaire après un rebond du dollar alors que l'euro piquait du nez et que les annonces macroéconomiques décevaient", notait par ailleurs Andrey Kryuchenkov. En effet, le retour d'une certaine aversion au risque, couplée à l'incertitude persistante sur la situation financière de la Grèce, faisait plonger l'euro jusqu'à 1,3427 dollar pour un euro lundi matin, au plus bas depuis le 9 avril, une circonstance qui rendait peu attractifs pour les possesseurs d'autres monnaies les achats libellés en dollars, comme le pétrole. Les analystes de JBC Energy notaient enfin que "la demande en carburant pour les avions était dans une impasse avec la majorité du trafic aérien européen cloué au sol" à cause du nuage de cendres volcaniques en provenance d'Islande. Avec 62.000 vols annulés depuis jeudi selon les estimations d'Eurocontrol, et une consommation quotidienne pour l'aviation européenne estimée à 1,18 million de barils par jour, JBC avançait que "la demande en carburant d'aviation pourrait avoir été réduite de 940.000 barils par jour au cours des deux derniers jours". Il s'agit selon eux "d'une perturbation majeure qui aura un impact mesurable sur les prix, même si cela ne se ressent pas encore".