D'après le Wall Street Journal, cinq dirigeants auraient revendu leurs actions après l'annonce d'une enquête de la SEC. Alors que la banque prépare son argumentaire pour une audition demain, le Sénat publie des courriels embarrassants. Après l'annonce d'une plainte des actionnaires contre les dirigeants, le Wall Street journal révèle ce samedi que cinq d'entre eux ont cédé leurs actions après que la banque eut été informée qu'une enquête de la SEC, le gendarme boursier américain, visait l'établissement. Ils auraient revendu leurs actions à un prix de vente de 65,4 millions de dollars (48,9 millions d'euros). Selon le Wall Street Journal, les responsables ayant vendu les actions en question sont un avocat-conseil, deux vice-présidents, un responsable de la comptabilité et un membre du conseil d'administration. Les ventes auraient eu lieu entre octobre 2009 et février 2010, écrit le Wall Street Journal sur son site internet, citant l'entreprise InsiderScore.com, qui se présente comme un observatoire des transactions boursières d'initiés. Quelques mois auparavant, en juillet 2009, la SEC avait fait savoir à la banque qu'elle envisageait de la poursuivre en justice. Le 16 avril dernier, jour où la SEC annonçait avoir déposé plainte pour fraude contre Goldman Sachs devant la justice civile, le titre Goldman Sachs perdait environ 13% de sa valeur à la Bourse de New York. La chute avait continué tout au long de la semaine. Leur témoignage devrait cependant être mis à mal par les courriels embarrassants publiés par une commission du Sénat samedi. D'après les messages échangés, la banque aurait au contraire profité des crédits immobiliers à risques pour empocher des dizaines de millions de dollars. Dans un de ces messages, le PDG de Goldman Sachs, Lloyd Blankfein, écrit: "Nous n'avons bien évidemment pas échappé à la pétaudière des crédits immobiliers à risque. Nous avons perdu de l'argent et ensuite nous en avons gagné plus que nous n'en avons perdu grâce à nos positions courtes". Dans un autre mail, les managers évaluent les conséquences des mauvaises notes attribuées par les agences de notations aux subprimes : "on dirait qu'on va faire beaucoup d'argent", écrit l'un d'eux. "Oui, nous sommes bien positionnés", réplique son collègue. La SEC, qui a ouvert une enquête il y a 10 jours, accuse Goldman d'avoir trompé les investisseurs en leur vendant des titres risqués dont elle savait qu'ils allaient baisser, sans les informer qu'elle-même pariait sur la baisse de ces produits... Enfonçant le clou, la presse anglo-saxonne a publié ce week-end une série d'e-mails, échangés au sein de Goldman Sachs, et montrant que les responsables de la banque avaient compris dès le début 2007 que le marché des crédits immobiliers "subprime" était en train de se retourner à la baisse. L'agence de presse 'Bloomberg' publie notamment un e-mail rédigé le 29 janvier 2007 par Fabrice Tourre, qui compare l'ABX, un indice-maison sur les dérivés de crédit immobilier, a un "Frankenstein", dont "personne ne sait comment fixer le prix". Constatant la baisse de cet indice, le financier estime "qu'il est un peu comme Frankenstein qui se serait retourné contre son créateur"... Le 7 mars 2007, Tourre écrit dans un autre mail : "le résumé de la situation n'est pas très folichon pour le marché américain des produits immobiliers à risques... D'après Sparks (directeur des produits immobiliers chez GS), ce segment d'affaires est totalement mort, et les pauvres petits emprunteurs peu solvables ne vont pas faire de vieux os". Le problème étant qu'à la même époque, Fabrice Tourre mettait au point et commercialisait "Abacus 2007 AC-1", un produit structuré adossé à des prêts immobiliers à haut risque ! Le "hedge fund" aurait ainsi profité de la situation en vendant Abacus à découvert, alors que d'autres clients auraient acheté le produit en toute confiance, pariant sur sa hausse...