Le chaos dans le ciel européen causé par le nuage de cendres du volcan islandais semble bien parti pour durer encore des jours. Des millions de passagers sont bloqués depuis jeudi dernier dans les différents aéroports du monde, et l'Europe est toujours coupée du reste de la planète. Pour les experts, c'est du jamais vu, un nombre si important de vols annulés en quelques jours et parlent de pertes qui dépassent de loin celles engendrées par les attentats du 11 septembre 2001. Le manque à gagner, à présent se chiffre à des milliards d'euros à raison, de 200 millions de dollars de pertes qui sont enregistrées quotidiennement pour toutes les compagnies. De quoi susciter de réelles inquiétudes pour les professionnels du secteur qui craignent un véritable désastre économique pour le transport aérien déjà très affecté par la crise économique mondiale. D'où la mobilisation des compagnies européennes en état d'alerte maximum qui demandent une " réévaluation immédiate des restrictions ". C'est la demande qu'a formulée la principale association des compagnies aériennes européennes (AEA), et celle des gestionnaires d'aéroports qui jugent " excessives " toutes ces mesures. De par leur nombre important d'adhérents (36 compagnies aériennes européennes), l'AEA et l'ACI, l'association qui représente une majorité d'aéroports européens, veulent trouver un consensus autour de ce problème qui n'a que trop duré à leurs yeux. Les deux associations disent "soutenir les efforts déployés initialement par la Commission européenne, Eurocontrol, la navigation aérienne et les autorités nationales pour prendre en compte la menace sur la sécurité aérienne", néanmoins, elles "s'interrogent sur la proportionnalité des restrictions de vol imposées actuellement". Elles n'omettent pas également de rappeler que " plus la fermeture des espaces aériens se prolonge, et plus la facture augmente pour les compagnies ". Et pour mettre Eurocontrol, l'organisme chargé de la sécurité aérienne, devant ses responsabilités, plusieurs compagnies européennes ont effectué des vols test sans passagers dont les résultats sont jugés plutôt satisfaisants. Parmi les conclusions des pilotes, " jusqu'à 8000 mètres d'altitude il n'y a plus de cendres volcaniques ". Cela dit, ces mêmes compagnies n'ont pas manqué de se demander pourquoi justement de tels vols n'ont pas été effectués ni même envoyer des avions-renifleurs ou des ballons avant de prendre des décisions. L'absence d'anomalies lors de ces vols est perçue comme un début de polémique sur l'efficacité de toutes ces mesures qui ont laissé en rade près de 7 millions de passagers et annulé près de 7000 vols depuis près d'une semaine. Et comme premier résultat de la pression de l'AEA et l'ACI, la Commission européenne a commencé à chercher à faire ouvrir des couloirs de vols.