La lutte contre les incendies de forêt exige la participation des communautés locales, car la plupart des incendies résultent d'activités humaines, selon l'édition 2009 du "Manuel de gestion des incendies de forêt pour les formateurs", qui vient d'être publié par l'Organisation onusienne pour l'Alimentation et l'Agriculture (Fao) et le ministère finlandais des Affaires étrangères. Les éditions précédentes datent de 1993 et 2007. "Lorsque les communautés locales tirent profit de la protection de leurs ressources naturelles, elles sont plus motivées pour prévenir les incendies de forêt", affirme Pieter van Lierop, expert forestier de la Fao. Là où les gens ont un intérêt direct dans la protection de leurs ressources naturelles, le nombre et la dimension des incendies de forêt non planifiés et provoqués par l'homme est susceptible de régresser de façon significative, selon la Fao. Le manuel souligne que le risque, la fréquence, l'intensité et l'impact des feux de forêt peuvent être réduits grâce à des approches plus intégrées de gestion, notamment la détection des incendies et leur extinction rapide, la surveillance, l'alerte précoce, la prévention et la préparation. "Il devrait y avoir un juste équilibre entre, d'une part, les activités de suppression des incendies de forêt et l'investissement dans des équipements coûteux de lutte et, d'autre part, la prévention effective et la sensibilisation des communautés locales", ajoute van Lierop. Au plan mondial, plus de 350 millions d'hectares de couvert végétal sont touchés chaque année par les incendies, dont plus de la moitié en Afrique. Selon les estimations, 150 à 250 millions d'hectares sur 1,8 milliard d'hectares de forêts tropicales sont ravagés chaque année par les incendies sauvages. En région méditerranéenne, 700 000 à 1 million d'hectares de couvert végétal sont touchés chaque année. Dans l'ensemble, 90 à 95 pour cent des incendies sont provoqués par l'homme. L'expansion continue de l'agriculture et d'autres formes de conversion des terres dans les pays en développement, les négligences dans l'utilisation du feu, l'utilisation accrue des espaces naturels à des fins récréatives, comme les pique-niques et les barbecues, ainsi que le tourisme dans les pays développés et les pays en développement figurent parmi les raisons de la fréquence et de l'impact croissant des incendies de forêt. De nombreux incendies sont provoqués intentionnellement pour défricher des terres pour l'agriculture, et beaucoup de ces feux détruisent des superficies beaucoup plus grandes que celles prévues au départ. Cependant, l'interdiction pure et simple des feux n'est pas une solution pratique. Les gens vont allumer des feux de toute façon, même si cela est prohibé, afin de déblayer un terrain ou de se débarrasser de déchets. "Il est donc plus avantageux de former les communautés locales à gérer les incendies et développer ensemble des solutions alternatives moins nocives. A titre d'exemple, il vaut mieux brûler les terres à la fin de l'hiver pour réduire ainsi le risque d'incendies dévastateurs", explique le re responsable de la Fao. Bien qu'il soit destructeur, le feu est, dans le même temps, un outil très utile de gestion des terres s'il est bien utilisé et s'il intervient au moment opportun. Pour assurer une gestion efficace des feux de forêt, il convient d'admettre qu'incendies et écosystèmes sont liés à de nombreux égards depuis des millénaires. Quand les incendies sont planifiés au sein d'écosystèmes, ils doivent cibler le maintien de la biodiversité, la régénération des végétaux et la production de fourrage. En Afrique australe, les feux de savane permettent d'obtenir par la suite du fourrage frais et réduisent les risques d'incendies non planifiés tout en éliminant l'herbe sèche et le fourrage desséché. Dans les écosystèmes de pâturage, le feu est le principal agent de décomposition qui permet le retour des nitrates dans le sol tout en maintenant la productivité élevée des pâturages. La bonne gestion des incendies exige de former les communautés locales à améliorer leurs connaissances sur les conséquences des incendies sur leur sécurité alimentaire et leurs moyens de subsistance. Toujours selon la Fao, il convient de disséminer les méthodes de gestion écologique des incendies et créer des unités spéciales de contrôle des incendies de forêt dans chaque pays. En Thaïlande, de vastes programmes de formation impliquant à la fois les forestiers et le grand public ont permis de réduire de 30% les incendies sauvages. "Les pays en développement devraient adopter des pratiques positives et accroître l'effort d'éducation auprès des communautés en matière de gestion et de prévention des incendies", conclut la Fao.