La reprise de l'économie mondiale après la crise financière s'est faite plus rapidement que prévue, mais le danger guette toujours la finance mondiale. La concertation sur la réforme du secteur financier reste de mise pour éviter de nouvelles crises. "L'objectif est maintenant d'affermir et d'amplifier la reprise, parce que même si elle est plus vigoureuse et plus rapide que prévu, elle demeure fragile. Et elle est fragile principalement parce qu'elle est inégale. Le danger subsiste, et je n'aime pas le fait que beaucoup de gens pensent que la crise est terminée, que tout est derrière nous et que nous pouvons retrouver notre routine comme si rien ne s'était passé", a déclaré jeudi, M. Dominique Strauss-Kahn, Directeur général du FMI, avant les réunions du Fonds monétaire international, de la Banque mondiale et du Groupe des Vingt (G-20) principaux pays industrialisés et émergents qui se sont tenues à Washington. Selon lui, la reprise plus rapide que prévu témoignait de la coopération sans précédent des principaux pays face à la crise. Dans ce sens, " les pouvoirs publics doivent s'employer à accélérer la réforme de la réglementation du secteur financier ", a-t-il dit en relevant l'inégalité de la reprise parmi les Etats. En effet, lors d'une conférence de presse où il a aussi parlé de la Grèce, de l'Islande, de l'Argentine, de la Chine et de la réforme du FMI, entre autres, M. Strauss-Kahn a déclaré que la reprise restait inégale et que le monde ne pouvait pas retrouver sa routine comme si de rien n'était. Il a, dans ce sens, appelé à la consolidation de la reprise en s'attaquant, le plus rapidement, à la réforme du secteur financier partout dans le monde. Bien que l'on progresse sur le plan réglementaire, "il convient de s'intéresser davantage au volet surveillance qui, à notre avis, est le plus important, car on peut avoir la meilleure réglementation possible, si elle n'est pas appliquée et qu'il n'y a aucune surveillance, c'est comme si on n'avait rien", a-t-il estimé en espérant que les dirigeants mondiaux pourront unir leurs forces pour faire avancer la réglementation des marchés financiers et pour éliminer les incohérences entre les différentes approches. Il n'est pas nécessaire que les pays aient exactement les mêmes règles, mais il faut que celles-ci soient cohérentes à l'échelle mondiale. Pour faire avancer la réforme du secteur financier, M Straus-Kahn a indiqué trois grands domaines dans lesquels un accord international devrait être conclu d'ici la fin de l'année, à savoir, les règles sur la liquidité du secteur financier et les fonds propres, la boîte à outils pour faire face aux risques systémiques et le dispositif pour traiter les questions de faillites transnationales. Cependant, pour Olivier Blanchard, chef économiste du FMI, le monde faisait face à un "nouveau stade important de la crise". Pour réaliser une croissance vigoureuse, soutenue et équilibrée, il faudra déployer des efforts supplémentaires, notamment sur le plan du rééquilibrage budgétaire dans les pays avancés, des ajustements des taux de change et du rééquilibrage de la demande à l'échelle mondiale. Les dirigeants du G-20 ont examiné, vendredi, un processus d'évaluation mutuelle des pays dans le but de mieux répartir la reprise. "Le multilatéralisme et la coopération sont bien évidemment le grand apport de cette crise, et nous pensons qu'il faut maintenir cet élan dans le monde de l'après-crise. Dans cette optique, le programme d'évaluation mutuelle du G-20 est très prometteur. Bien entendu, c'est un processus qui doit être amélioré, c'est un apprentissage par la pratique, c'est la première fois qu'on fait une chose pareille, mais déjà à ce stade je pense que c'est vraiment intéressant", a-t-il dit.