L'Onu a provisoirement fermé sa mission à Kandahar, dans le sud de l'Afghanistan, et transféré une partie de son personnel étranger à Kaboul, à l'approche de l'offensive annoncée par les forces de l'Otan. "La situation en terme de sécurité en est arrivée à un point tel que nous avons dû les retirer hier", a déclaré Susan Manuel, porte-parole de l'organisation, précisant que les employés afghans avaient été invités à rester chez eux. "Nous espérons que les gens pourront revenir et reprendre leurs activités. Nous considérons cela comme une mesure très provisoire", a-t-elle ajouté, sans plus de détails sur le nombre d'étrangers restés sur place. Elle n'a pas précisé non plus si cette décision était motivée par une menace précise. La Force internationale d'assistance à la sécurité (Isaf) sous commandement de l'Otan s'apprête à lancer une offensive sans précédent depuis le début du conflit en 2001 pour chasser les taliban de Kandahar et de sa région, berceau de la milice islamiste. Dans le cadre de cette opération qui pourrait débuter en juin, 8.000 soldats américains et canadiens seront chargés de rétablir la sécurité dans les zones rurales périphériques tandis que 3.500 GI et 6.700 policiers afghans prendront position dans les zones urbaines. Au total, 23.000 hommes, issus à la fois des effectifs de l'Otan et de l'armée afghane, seront mobilisés. L'offensive de Kandahar est considérée comme la pierre angulaire de la stratégie adoptée par Barack Obama, qui a ordonné l'envoi de 30.000 militaires américains en renfort. L'état-major de l'Otan s'efforce toutefois d'en minimiser la portée et insiste sur le volet politique du conflit. Les taliban, avec lesquels le président Hamid Karzaï souhaite négocier dans le cadre d'un plan de réconciliation nationale, promettent néanmoins une résistance farouche. Plusieurs attentats suicides de grande envergure ont été commis récemment dans l'ancienne capitale afghane, peuplée de 500.000 habitants, où les actes de guérilla sont quasi quotidiens. Un adjoint au maire y a été tué la semaine dernière. Ahmad Wali Karzaï, demi-frère du chef de l'Etat qui préside le conseil provincial, a toutefois jugé l'initiative des Nations unies injustifiée. "Nous condamnons fermement la décision de l'Onu de quitter Kandahar. Il s'agit d'une décision irrationnelle prise sans concertation avec les autorités locales. "La situation n'est pas si mauvaise que l'Onu le prétend. Ils ne sont pas là pour prendre du bon temps. Ils savent qu'ils se trouvent dans une zone de guerre. Cette initiative laissera une mauvaise impression aux citoyens de Kandahar", a-t-il dit. Notons d'un autre côté qu'un employé de l'ONU, Louis Maxwell, pourrait avoir été tué par erreur par les forces de sécurité afghanes lors de l'attaque d'une maison d'hôtes par des insurgés à Kaboul le 28 octobre 2009, selon le rapport d'un comité d'enquête publié lundi à New York. L'attaque "terroriste" contre cette maison d'hôtes où logeaient 34 employés de l'ONU a fait trois morts parmi le personnel de sécurité afghan et cinq morts chez les employés de l'ONU, plusieurs autres ayant été blessés. Le rapport décrit une situation confuse à la maison d'hôtes Bakhtar, les attaquants et les forces de sécurité portant tous des uniformes de la police afghane. "Le rapport suggère la possibilité qu'un employé de l'ONU, l'officier chargé de la protection rapprochée Louis Maxwell, puisse avoir été tué par des forces de sécurité afghanes qui pourraient l'avoir pris par erreur pour un insurgé", a dit le porte-parole du Secrétaire général de l'ONU dans un communiqué publié lundi.