Le Premier ministre russe, Vladimir Poutine, a signé, vendredi, un décret indiquant qu'il n'y aura pas de taxe douanière pour le gaz à destination d'Ukraine, abaissant ainsi le coût du gaz de 30 %. "J'ai informé le Premier ministre ukrainien de la signature d'une résolution, qui fixe à zéro le tarif douanier sur le gaz naturel livré à l'Ukraine", a déclaré Poutine à l'issue de la rencontre du Comité de coopération économique de la Commission interétatique Ukraine-Russie. Dans le cadre du contrat flotte contre gaz conclu par les dirigeants russe et ukrainien la semaine dernière, la Russie a accepté d'accorder une réduction de 30 % sur le gaz naturel livré à l'Ukraine. En échange, la flotte russe de la mer Noire restera dans la Crimée pour 25 années supplémentaires. Selon l'accord, l'Ukraine recevra une réduction de 100 dollars américains sur chaque 1.000 m3 de gaz naturel, si le prix est supérieur à 330 dollars. Mais si le prix se situe au dessous de 330 dollars, la réduction sera de 30 %. Au sujet de la rencontre de vendredi, Poutine a aussi proposé une union entre le géant gazier russe Gazprom et la firme ukrainienne détenant le monopole sur le gaz, Naftogaz, dans l'optique de promouvoir une coopération gazière entre les deux pays. "Je propose de fusionner Gazprom et Naftogaz", a-t-il déclaré, selon des images retransmises par la télévision. "Nous avons parlé de l'intégration dans le domaine nucléaire. Nous sommes prêts à faire la même chose dans le domaine du gaz", a-t-il dit à l'issue d'une rencontre avec son homologue ukrainien Mykola Azarov à Sotchi, au bord de la mer Noire. La proposition, qui pourrait être de nature à inquiéter une Union européenne déjà inquiète de sa dépendance gazière envers Moscou, était totalement inattendue, et M. Azarov lui-même a fait savoir qu'elle n'avait pas figuré au menu de leurs pourparlers. "Pendant les négociations avec nos collègues russes, l'idée d'une fusion de Naftogaz et de Gazprom n'a pas été étudiée, Vladimir Poutine l'a évoquée de façon impromptue" pendant la conférence de presse, a déclaré M. Azarov dans des propos cités par son porte-parole, Vitali Loukianenko, et rapportés par l'agence Interfax. "Eh bien, nous allons l'examiner de façon impromptue, et étudier des propositions concrètes", a-t-il ajouté. Le PDG de Gazprom, Alexeï Miller, a pour sa part indiqué que les principaux responsables énergétiques des deux pays se pencheraient sur la question "après les fêtes de mai", ont rapporté les agences russes. De loin le premier producteur et exportateur mondial de gaz, Gazprom est contrôlé par l'Etat russe, qui en détient 50,002%. Naftogaz de son côté est l'une des plus grosses sociétés ukrainiennes et représente un huitième du PIB national. Sa situation financière est actuellement très difficile. La demande de mariage gazier suit ainsi de peu une autre idée lancée il y a quelques jours par M. Poutine: en déplacement à Kiev, il avait suggéré de créer une holding rassemblant les actifs nucléaires des deux pays, tous deux parmi les plus conséquents d'Europe. Cette semaine, les Parlements des deux pays ont en outre ratifié un accord extrêmement controversé sur un maintien jusqu'en 2042 de la flotte russe mouillant en mer Noire dans le port de Sébastopol (sud de l'Ukraine) en échange d'une forte baisse du prix du gaz russe acheté par l'Ukraine. Le vote à Kiev a été accompagné d'une véritable foire d'empoigne au Parlement et à des manifestations.