Le Premier ministre espagnol Jose Luis Rodriguez Zapatero a annoncé mercredi une réduction des salaires des fonctionnaires cette année, dans le cadre d'un plan destiné à réduire le déficit budgétaire et éviter à l'Espagne une crise semblable à celle de la Grèce. M. Zapatero a expliqué qu'une baisse de 5% des salaires entrerait en vigueur en juin, tandis que son salaire et celui des membres de son gouvernement seront abaissés de 15%. Cette mesure constitue un revirement du gouvernement espagnol, qui avait assuré au cours des dernières semaines qu'il ne toucherait pas aux salaires. "Nous allons demander à tout le monde de faire un plus grand effort. Premièrement, à la société espagnole, mais également au gouvernement", a déclaré M. Zapatero. L'objectif, a-t-il ajouté, "est de contribuer, par notre stabilité financière, à la stabilité financière de la zone euro". Parmi les autres mesures annoncées figurent également une suspension dans les hausses automatiques des pensions de retraite, une baisse dans l'aide extérieure, une réduction des investissements du gouvernement et la suppression, dès l'année prochaine, d'une réduction d'impôts de 2.500 euros pour les couples avec enfants ou ayant adopté. M. Zapatero présentait les détails du plan annoncé dimanche pour ramener le déficit de l'Espagne de 11,2% à 9,3% du PIB cette année, et éventuellement à 3% en 2013. Le plan prévoit, pour 2010 et 2011, une réduction des dépenses de l'Etat à hauteur de 15 milliards d'euros. Il devrait permettre de réduire le déficit de 1,5 point d'ici fin 2011. L'Espagne était sous pression ces dernières semaines pour prendre des mesures drastiques de réduction de son important déficit, notamment lors de la réunion d'urgence de l'Union européenne à Bruxelles ce week-end. Lors de cette réunion, les pays de la zone euro se sont accordés sur un plan de stabilisation massif de la zone euro de 750 milliards d'euros. Le président américain Barack Obama est lui-même intervenu, exhortant M. Zapatero à agir de manière "ferme", lors d'un appel téléphonique mardi. Face aux problèmes de dette, plusieurs pays de la zone euro ont annoncé des mesures d'austérité pour assainir leurs comptes publics. Outre l'Espagne, c'est notamment le cas de la Grèce, de la France et du Portugal. Le déficit public de l'Espagne a été considérablement creusé par les importantes dépenses consenties pour les allocations chômage et les mesures de relance destinées à combattre la récession dans laquelle est entré le pays au troisième trimestre 2008. Pour sa part, le gouvernement grec a demandé officiellement mardi la première tranche d'aide financière à la Commission européenne et à la Banque centrale européenne pour faire face à la crise des crédits du pays. La Grèce a besoin de payer 19 milliards d'euros (24,1 milliards de dollars environ) pour rembourser ses prêts obligatoires d'ici le 19 mai et devra recevoir bientôt la première série de nouveaux crédits du Fonds monétaire international (FMI), selon des officiels grecs ayant recquis l'anonymat. Le gouvernement grec a été rassuré par un soutien de 110 milliards d'euros du filet de sécurité UE-FMI, sur les trois prochaines années, et devra bénéficier en mai d'une aide de 20 milliards d'euros du mécanisme, dont quelque 14,5 milliards d'euros accordés par ses partenaires européens et 5,5 milliards du FMI. Les officiels grecs ont estimé que le deuxième versement de fonds sera demandé en août et le dernier pour cette année en automne.