Le chef du gouvernement socialiste espagnol José Luis Rodriguez Zapatero se prépare à une rentrée politique difficile avec une croissance économique à l'arrêt, doublée d'une fronde des élus catalans qui menacent de faire barrage à la loi de finances 2009. L'accumulation de mauvais indicateurs économiques ces derniers mois (croissance, chômage, inflation) a plombé le moral des Espagnols ainsi que la popularité de M. Zapatero, dont l'avance dans les sondages a fondu depuis sa réelection en mars. Le chef du gouvernement, qui vantait il y a encore quelques mois les performances d'une économie espagnole digne de la "Champions League" (Ligue des champions) de football, a vu se réduire comme peau de chagrin sa marge de manoeuvre face à une "crise" dont il n'a que tardivement reconnu l'existence. La baisse des recettes liée au coup d'arrêt d'une économie qui affichait encore en 2007 une forte croissance de 3,8% du PIB et les cadeaux fiscaux promis pendant la campagne des législatives de mars ont fait fondre les excédents accumulés ces dernières années, même si l'Espagne continue de jouir d'une confortable capacité d'endettement. Sur les six premiers mois de l'année, le déficit budgétaire s'est élevé à 4,683 milliards d'euros (0,42% du PIB), contre un excédent de 5,218 milliards d'euros l'année précédente. Taxé d'immobilisme par la droite, M. Zapatero a écourté ses vacances pour annoncer personnellement jeudi prochain un plan de mesures anti-crise plus ou moins neuves, arrêté lors d'un conseil des ministres extraordinaire inédit en plein mois d'août. "Le gouvernement est pleinement conscient des difficultés de la situation économique", a assuré M. Zapatero, vêtu pour la circonstance d'un costume et d'une cravate sombres, alors que venait de tomber le chiffre de la croissance au deuxième trimestre: seulement +0,1% par rapport au précédent. En dépit de ce "gros coup de frein", l'Espagne continue de croître d'une année sur l'autre, "plus que la zone euro", soit de 1,8% contre 1,5%, s'est-il défendu.Les discussions budgétaires de septembre ne s'annoncent pas moins ardues pour M. Zapatero, qui ne s'appuie que sur une majorité relative au Parlement, où il ne dispose pas d'allié stable et essuie des critiques de toutes parts. Cet isolement s'est accentué ces derniers jours avec une fronde des élus catalans, y compris ceux du Parti socialiste catalan (PSC, 25 députés au Congrès des députés à Madrid), qui estiment que leur riche région contribue trop au fonds de solidarité pour les régions autonomes les plus démunies. Les élus catalans réclament une remise à plat, à leur avantage, du financement des régions, conforme au statut d'autonomie élargie de la Catalogne, voulu par M. Zapatero et approuvé dans la douleur en 2006. Le ministre régional de l'Economie, le socialiste Antoni Castells, a même agité le 9 août la menace d'un vote hostile des députés socialistes catalans à Madrid au projet de loi de finances 2009 si un accord n'était pas trouvé début septembre sur le financement de la Catalogne.Les élus catalans estiment que leur solidarité vis-à-vis des autres régions doit se limiter à la santé, l'éducation et aux services sociaux essentiels, tandis que le gouvernement juge qu'elle doit s'appliquer à d'autres services comme la justice. La droite, qui a déposé un recours contre le statut d'autonomie de la Catalogne devant le Tribunal constitutionnel boit du petit lait, soulignant que M. Zapatero récolte les ennuis qu'il a lui-même semés en Catalogne. M. Zapatero se veut confiant sur les chances de trouver un accord "bon pour la Catalogne, mais pas seulement pour la Catalogne et qui garantisse le principe de solidarité entre les régions", ainsi qu'une majorité parlementaire pour le moment introuvable sur la loi de finances 2009.