Depuis 1998, environ 50 millions de personnes sont sortis de la pauvreté en Europe et en Asie centrale mais la crise financière et économique mondiale est susceptible de sérieusement compromettre ces progrès notamment à cause de l'affaiblissement du secteur de l'agriculture, a alerté le Directeur général de l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), Jacques Diouf. " La crise financière et économique est susceptible de compromettre les progrès et à l'amélioration significative des niveaux de vie atteints dans la région durant la dernière décennie ", a souligné M. Diouf dans une allocution devant la 27e Conférence régionale de la FAO pour l'Europe, à Erevan, en Arménie. En douze ans, quelque 50 millions d'habitants en Europe et en Asie centrale sont parvenus à s'extraire de la pauvreté et le nombre de personnes victimes de la faim a reculé de 38%, de 9,3 millions en 2000-2002 à 5,8 millions en 2004-2006. " Des études de la FAO ont montré que la crise a affaibli l'agriculture des pays d'Europe centrale et orientale ", a ajouté M. Diouf. Selon les estimations de la Banque mondiale, la région Europe-Asie centrale est celle qui a subi le plus fort contrecoup de la crise. L'histoire a montré " qu'il n'existe aucun moteur plus puissant pour la croissance et l'éradication de la faim et de la pauvreté que les investissements dans l'agriculture ", a ajouté le Directeur général de la FAO. Il faut donc accroître les ressources financières, a-t-il poursuivi, en soulignant qu'à l'échelle mondiale, 44 milliards de dollars par an d'aide publique au développement sont nécessaires pour financer les intrants, les infrastructures rurales et technologiques au profit des petits agriculteurs des pays pauvres. Par exemple, près de 10 millions d'hectares de terres arables pourraient être remis en production pour cultiver des céréales et des oléagineux au Kazakhstan, en Fédération de Russie et en Ukraine, estime la FAO. Jacques Diouf, qui a donné le coup d'envoi mardi de la campagne internationale '1billionhungry' visant à mobiliser l'opinion publique pour faire pression sur les dirigeants mondiaux et nourrir un milliard d'êtres humains qui ne mangent pas à leur faim, a réitéré sa conviction " qu'ensemble, nous pouvons éliminer la faim de la surface de la terre ". Notons que plus d'un milliard d'habitants de la planète souffrent de la faim, en raison de la crise économique et de la hausse des prix de la nourriture ces trois dernières années. Sur ce milliard, 642 millions vivent en Asie et dans le Pacifique, 265 millions en Afrique, 42 millions en Amérique latine et aux Caraïbes et 15 millions dans les pays développés, selon lui. Les pays les plus touchés sont la République démocratique du Congo et l'Erythrée dont respectivement 75% et 66% des habitants souffrent de la faim. A Haïti, pays le plus touché du continent sud-américain et des Caraïbes, ils sont 58%. L'Afrique est toujours le continent le plus concerné par la sous-alimentation qui touche 28% de sa population. Dans les pays en voie de développement, les familles dépensent jusqu'à 50% de leurs revenus pour l'alimentation, contre 20% dans les pays développés.