Pour la Enième fois, la sonnette d'alarme sera déclenchée. En effet, la crise financière mondiale compromet la réalisation des Objectifs de développement pour le Millénaire (ODM) à l'horizon 2015 et crée une situation d'urgence en matière de développement, c'est du moins ce qui en ressort d'un rapport de la Banque mondiale et du FMI publié, hier. L'Afrique sera une nouvelle fois en proie à la misère et aux multiples risques. Les objectifs arrêtés au niveau mondial ont peu de chances d'être atteints, notamment ceux concernant la faim, la mortalité infantile et maternelle, l'éducation et la lutte contre le VIH/sida, le paludisme et d'autres grandes maladies. Selon les dernières estimations, le nombre de personnes vivant dans la misère risque d'augmenter en 2009 dans plus de la moitié des pays en développement, une proportion qui sera probablement encore plus élevée dans les pays à faible revenu, et en Afrique subsaharienne, les deux tiers et les trois quarts, respectivement. Chiffre à l'appui, plus il y a de 55 à 90 millions de personnes supplémentaires au club de la misère en 2009 et le nombre de personnes qui ne mangent pas à leur faim dépassera le cap du milliard, ce qui réduit à néant les progrès accomplis dans la lutte contre la malnutrition et souligne l'urgence d'investir dans l'agriculture. Selon les dires de John Lipsky, directeur général adjoint du FMI «toutes les grandes régions étant frappées simultanément par la récession, il est à prévoir que la reprise sera lente et difficile dans de nombreux pays. Le problème de la pauvreté se pose donc avec acuité et une urgence encore plus grande» selon les explications du FMI, la crise touchera tous les pays en développement au cours des deux prochaines années. Les répercussions seront néfastes : recul des exportations, baisse des prix, contraction de la demande intérieure, diminution des envois de fonds sur salaires et de l'investissement, limitation de l'accès au crédit et fonte des revenus. Selon les nouvelles projections, la croissance dans les pays en développement va ralentir à 1,6 % en 2009, après avoir atteint 8,1 % en moyenne durant la période 2006-2007, tandis que la production mondiale devrait se contracter de 1,3 % cette année. Dans cette optique, et afin de surmonter la crise, le FMI recommande de redoubler d'efforts pour faire face à une situation d'urgence dans le domaine du développement. En effet, pour atteindre les Objectifs du Millénaire concernant la santé et l'éducation, il importe de renforcer les filets de protection sociale, d'accroître l'aide fournie par les donateurs, d'améliorer l'efficacité des dépenses et de mobiliser une plus grande participation du secteur privé. En Afrique subsaharienne et en Asie du Sud, le secteur privé assure la moitié des services de santé maternelle, procréative et infantile visés par les ODM. En Asie du Sud, 30 % de l'enseignement primaire et secondaire est dispensé par des établissements privés. Alors que les pays en développement ont besoin de quelque 900 milliards de dollars par an , soit entre 7 et 9% de leur PIB, pour entretenir leurs infrastructures et entreprendre de nouveaux projets, les dépenses réelles représentent à peine la moitié de ce montant. Le déficit de financement pour les nouveaux projets d'infrastructures a augmenté de près de 20 milliards de dollars par an, à mesure que les perspectives de financement privé s'amenuisent. C'est pourquoi la Banque mondiale met sur pied un nouveau programme d'appui aux infrastructures existantes et nouvelles qui pourrait dégager un minimum de 15 milliards de dollars par an sur les trois prochaines années pour aider les pays en développement et jeter les bases d'un redressement rapide pour sortir de la crise économique mondiale. A ce propos, il est impératif que les membres du G-20 tiennent leur promesse de s'abstenir de toute mesure protectionniste, compte tenu du fait que plusieurs d'entre eux n'ont pas honoré l'engagement pris en novembre 2008. Hamid Si Salem