Après que Rachid Bouchareb ait réagi à la virulente polémique qu'a suscitée son film "Hors la loi ", la ministre de la Culture Khalida Toumi lui a emboîté le pas en fustigeant dimanche dans l'émission "En toute franchise " de la chaîne III, le gouvernement français. La représentante du gouvernement trouve "normal que le Front national et ses soutiens soient horrifiés par ce film, mais ce que je trouve aberrant dira-t-elle, c'est qu'un secrétaire d'Etat aux Anciens combattants se permette de donner un avis sur un film qu'il n'a jamais vu et demande l'avis du service historique du ministère français de la Défense ". Explication : ce même ministère de la défense détient des archives sur la Révolution où il est indiqué que le martyr Larbi Ben M'hidi s'était suicidé "alors que tous les historiens intègres et même le général Paul Aussares avaient reconnu que ce héros de la révolution a été bel et bien assassiné." Information de taille, Khalida Toumi annonce que " Hors la loi " sera simultanément diffusé, sous le pavillon algérien à La Croisette et à la salle El Mouggar, le 21 mai prochain. Journalistes et critiques d'ici et de là-bas, auront la latitude de juger " sereinement " ce film. "L'œuvre de Bouchareb est une fiction, pas un documentaire, retraçant une période où il y a eu les massacres du 8 Mai 45 et la guerre de Libération", soutient la ministre de la Culture qui a vu le film mardi et qui a demandé à Bouchareb, qui se trouve à Los Angeles de lui remettre une copie, comme il est de tradition, puisque " Hors la loi " a été subventionné en partie par l'Algérie. "Je peux vous assurer que le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, n'a pas demandé à visionner le film avant sa sortie" a-elle encore révélé en continuant de croire que la France est " une terre de la liberté d'expression. " " Que ceux qui fustigent ce film en fassent d'autres pour exposer leurs idées ! " a-elle asséné en défendant avec rage cette hyperproduction qui responsabilise les français dans les massacres des Algériens notamment ceux survenus à l'est du pays en 1945. Le 21 mai, jour J de la projection de cette œuvre controversée, une cérémonie à la mémoire de "toutes les victimes de la guerre d'Algérie" sera organisée sur la Croisette. " Je souhaite que cette projection se fasse dans le respect mutuel et dans un climat serein, "avait souhaité depuis Los Angeles Rachid Bouchareb. Les démentis de Khalida Toumi La ministre a mis fin aux rumeurs rapportées par certains journaux concernant, primo la censure qu'aurait subie " la Chine est encore loin" de Malek Bensmaïl et le faux bond de Isabelle Adjani qui aurait empoché 40% de son cachet évalué à 3 millions d'euros en quittant subitement le plateau de tournage de "Parfum d'Alger" de Rachid Belhadj. "Arrêtons les mensonges !" clamait-elle plusieurs fois en soutenant que "La Chine est encore loin " a bénéficié de l'appui du ministère en 2007 dans le cadre d'Alger, capitale de la culture arabe, le réalisateur devait nous remettre une copie, mais ne l'a pas fait, de plus, il n'a jamais demandé un visa d'exploitation. Pour cela, nous avons décidé de saisir la justice". Concernant le faux bond d'Isabelle Adjani, la ministre explique que l'actrice a tourné deux ou trois jours, le rôle a dû ne pas l'intéresser, elle est partie mais n'a jamais empoché ni les 40% ni les 10% de cette somme colossale qui n'est même pas le budget du film. Ça sera l'actrice italienne Monica Belluci qui remplacera la star française selon toujours la ministre. S'agissant toujours du cinéma, Khalida Toumi a annoncé la prochaine installation de studios de tournage dont les locaux seraient déjà prêts ce qui facilitera la vie à plusieurs réalisateurs qui recourent aux studios étrangers pour faire leurs films. Par ailleurs, son département fera tout pour augmenter le nombre de salles de cinéma qui n'est que de 20 et concerne les répertoires des cinémathèques, les autres sont gérées par les communes qui n'ont toujours pas les moyens de les entretenir. La future loi sur le cinéma, passera, mardi prochain, en réunion du gouvernement. L'autre révélation est la création d'un organisme public sous la tutelle du ministère de la Défense nationale ainsi que du ministère de l'Intérieur et des collectivités locales pour protéger les biens culturels nationaux qui font l'objet de vol et de trafic.