Après l'assaut de l'armée hier matin, les leaders de l'opposition ont annoncé la fin de leur mouvement mais les violences n'ont pas cessé dans le centre de la capitale. Au moins six personnes, dont un journaliste italien de 48 ans, ont été tuées. L'armée thaïlandaise semble avoir eu raison des "chemises rouges". Sept des principaux chefs du mouvement se sont rendus mercredi matin, emmenés par la police thaïlandaise après avoir annoncé leur décision à leurs partisans. L'armée avait pénétré quelques heures plus tôt dans le centre de Bangkok pour résorber les dernières poches de résistance. Au moins six personnes, dont un journaliste italien de 48 ans mortellement touché à l'abdomen, ont été tuées dans l'offensive et cinquante-huit ont été blessés, parmi lesquels au moins deux autres reporters néerlandais et canadiens. La capitale thaïlandaise a néanmoins continué mercredi après-midi d'être le théâtre de violences et les autorités ont décrété l'état d'urgence dans 15 provinces, dont celles du Nord-Est (le bastion des "rouges") et instauré un couvre-feu, le premier depuis 1992, dans 23 provinces en plus de Bangkok à partir de 20 heures locales et jusqu'à jeudi matin 6 heures. "Nous arrêtons nos manifestations maintenant", a déclaré Nattawut Saikuar, l'un des principaux chefs des protestataires. "Le gouvernement utilise l'armée pour nous réprimer mais nous allons rester non-violents", a-t-il ajouté. Il s'adressait à plusieurs milliers de partisans rassemblés devant la principale estrade, au coeur de la zone qu'ils occupaient depuis début avril pour obtenir la démission du premier ministre Abhisit Vejjajiva. "Je sais que c'est inacceptable pour certains d'entre vous et que certains ne veulent pas entendre ceci, mais nous ne pouvons résister", a-t-il ajouté. "Nous allons échanger notre liberté contre votre sécurité. Nous avons fait tout ce que nous pouvions, a-t-il conclu. Je demande à tout le monde de rentrer chez soi". Mercredi matin, certains étaient d'ailleurs encore prêts à se sacrifier, à l'image de Thanarat Oad-rem, 45 ans, qui du haut d'une barricade a lancé "Je mourrai ici, je réclame justice depuis longtemps, je l'ai réclamée toute ma vie". "Les forces de sécurité ont terminé leur offensive et la situation est sous contrôle", a de son côté affirmé le porte-parole de l'armée. Pourtant les violences ont continué dans la zone mercredi après-midi. "Nous avons plusieurs incendies qui se sont déclarés en ville, y compris dans le Central World", l'un des plus grands centres commerciaux dans le quartier huppé de Rajprasong, a indiqué un responsable des services de secours. Les manifestants ont également mis le feu à la Bourse , qui sera fermée jeudi et vendredi, ainsi qu'aux locaux d'une chaîne de télévision, Channel 3, où une centaine de personnes sont prises au piège dans le bâtiment, a annoncé un responsable des pompiers. Un hélicoptère a été envoyé pour tenter de les sauver. Au total, quelque vingt bâtiments ont été incendiés par les manifestants. Au total, 42 personnes ont déjà trouvé la mort dans les heurts depuis le 14 mai et 366 autres ont été blessés, selon le centre.