En réponse à la marée noire qui se déverse dans le Golfe du Mexique suite à l'explosion de la plate-forme pétrolière Deepwater Horizon, le Congrès américain préparait mardi une proposition de loi visant à quadrupler la taxe sur le pétrole afin de financer les opérations de nettoyage. Cette hausse permettrait de collecter près de 11 milliards de dollars (neuf milliards d'euros) au cours des dix prochaines années. La Chambre des représentants pourrait voter la proposition de loi mercredi. Les Démocrates, qui travaillaient toujours lundi à rassembler les votes, auraient souhaité soumettre cette proposition au vote mardi. Les responsables du Sénat espèrent achever la préparation de la proposition de loi avant la suspension d'une semaine de la session du Congrès la semaine prochaine. L'administration du président Barack Obama a diffusé lundi un communiqué pour apporter son soutien à cette initiative. L'augmentation de cette taxe de 8 à 32 cents de dollars (de 6 à 26 cents d'euros) le baril de pétrole ne devrait rencontrer qu'une faible opposition publique. Cette taxe est prélevée sur le pétrole produit aux Etats-Unis ou importé de pays étrangers. Ses revenus vont à un fonds géré par les garde-côtes pour aider au nettoyage des marées noires. Ce fonds dispose actuellement de quelque 1,5 milliard de dollars (1,230 milliard d'euros). La proposition de loi entend également augmenter la limite fixée à l'allocation de fonds pour une même catastrophe de un à cinq milliards de dollars (de 820 millions à 4,1 milliards d'euros). Au moins six millions de gallons de pétrole brut ont été déversés dans le Golfe du Mexique depuis l'explosion de la plate-forme pétrolière le 20 avril dernier, qui a fait onze morts. Le président Obama et les responsables du Congrès ont dit qu'ils attendaient de la compagnie British Petroleum, qui exploite le site, qu'elle assume la responsabilité et les coûts du nettoyage de la marée noire. BP a annoncé lundi avoir dépensé quelque 760 millions de dollars (environ 622 millions d'euros) jusqu'à présent en réponse à la marée noire. Carol Browner, conseillère du président Barack Obama pour les questions d'énergie et de climat, a assuré que l'administration américaine battait le rappel de toutes ses ressources pour combattre ce qui menace de devenir la pire marée noire de l'histoire des Etats-Unis. Ainsi, a-t-elle dit aux chaînes de télévision américaines, des scientifiques de premier plan sollicités par le gouvernement coopèrent d'ores et déjà avec les experts de BP pour préparer la prochaine bataille à livrer: tenter de "tuer" la fuite en injectant de la boue lourde à l'intérieur du puits, qui repose par près de 1.600 mètres de fond. L'enjeu est d'obstruer au plus vite le puits de la plate-forme Deepwater Horizon, qui appartenait à BP et a explosé le 20 avril, emportant dans la mort 11 ouvriers qui travaillaient à bord. Si l'opération "top kill" réussit, du ciment sera ensuite injecté pour colmater le puits. "Nous voulons tous ce que ça marche (...). Nous tenons à ce que cela (le puits) soit obturé", a dit Carol Browner sur CNN. La phase "top kill" doit débuter au plus tôt mercredi matin, mais le moment exact qui sera choisi pour lancer cette délicate opération pourrait être retardé, n'exclut pas BP. A moins de six mois des élections à mi-mandat début novembre, le président Barack Obama est sur la sellette car l'opinion publique se dit majoritairement mécontente de l'action des pouvoirs publics face à la marée noire. Selon un sondage CNN-Opinion Research Corporation, 51% des Américains sont mécontents de la façon dont la situation est gérée par l'administration fédérale.