Le problème de la marée noire dans le golfe du Mexique provoquée par BP n'est pas encore réglé. Cependant, il y a de l'optimisme dans l'air : d'après Washington, les opérations menées devraient permettre de contenir totalement la fuite. Toutefois, Il faudra attendre la mi-août pour que la fuite soit totalement stoppée. Cette information, le géant britannique devrait s'en réjouir, puisqu'il s'agit de la nouvelle la plus rassurante, annoncée par les autorités américaines, depuis plus de deux mois. Est-ce à dire que l'administration américaine, sous l'effet de collusion entre business et pouvoir politique, pourrait absoudre BP de sa responsabilité dans cette affaire ? Peu probable, aux dires d'observateurs. Les Américains pressent d'ailleurs l'opérateur britannique à faire du mieux qu'il peut, en vue de dégager une solution définitive. Mais où en sont les choses aujourd'hui ? D'après l'amiral des garde-côtes américains Thad Allen, chargé de superviser les opérations de nettoyage dans le golfe du Mexique, cité par les médias, BP devrait être en mesure de contenir à cent pour cent la brèche du puits d'où s'écoule le pétrole. Un nouvel entonnoir, plus gros que les précédents, est actuellement installé par le pétrolier britannique. Cet entonnoir, baptisé «Top Hat Number 10», doit permettre de récupérer jusqu'à 80 000 barils de pétrole par jour (12 700 000 litres), contre 25 000 litres actuellement. Les autorités sont optimistes, car d'après leurs évaluations, le puits perd au maximum 60 000 barils par jour. Le précédent dôme sera d'abord retiré. Une grande quantité de pétrole s'échappera alors du puits durant 48 heures. Mais une fois le nouvel entonnoir posé, les résultats seront immédiats, promet Thad Allen. Depuis le 20 avril dernier, jour de l'explosion de la plateforme Deepwater Horizon, au large de la Louisiane, BP a multiplié les tentatives de colmatage, elles ont été toutes infructueuses. Ce dont est certain une bonne partie de spécialistes, c'est qu'il ne peut y avoir d'arrêt avant août, ainsi que l'a laissé entendre Bob Dudley, chargé de gérer la catastrophe, dans des déclarations récentes reprises par les médias. Celui-ci a évoqué un autre scénario où des difficultés dans l'installation du nouvel entonnoir pouvaient repousser les délais annoncés au départ. Ainsi, BP s'est montré plus prudent dans ses prévisions. Mais les autorités sont confiantes. «Nous avons le climat dont nous avons besoin», a expliqué Thad Allen. L'amiral a toutefois tenu à calmer l'enthousiasme qui a suivi cette annonce, mettant en exergue de la sémantique. Il a eu cette phrase : «J'ai utilisé le mot ‘contenir' et non pas ‘stopper'.» D'après lui, le puits ne serait pas obturé tant que deux puits de dérivation ne seront pas achevés. Ces puits, creusés en profondeur afin d'injecter du ciment et de la boue, ne devraient pas être installés avant la mi-août. Une fois la fuite stoppée, les vastes opérations de nettoyage et de restauration des côtes devront se poursuivre. BP fait face cependant non seulement aux politiques, mais aussi aux industriels, certaines compagnies pétrolières ou gazières souhaitent lui apporter aide, lui prêter main-forte. D'autres sont très réticentes. BP s'est de nouveau heurté vendredi dernier au refus d'Anadarko Petroleum. La compagnie, qui possède 25% du puits responsable de la marée noire, a déclaré qu'elle ne verserait pas les 272 millions de dollars que BP lui réclame pour couvrir sa part de coûts de nettoyage, conformément à la loi américaine sur la pollution. Le 18 juin dernier, la tension était montée d'un cran entre les deux partenaires lorsque Anadarko avait déclaré que l'explosion du 20 avril, sur la plate-forme Deepwater Horizon, «était évitable et donc, la conséquence directe des décisions et des actes irréfléchis de BP». Dans un nouveau courriel envoyé ce vendredi, le porte-parole d'Anadarko, John Christiansen, estimait toutefois que son groupe restait «déterminé à travailler en toute bonne foi avec BP pour parvenir à une résolution satisfaisante». BP attend désormais la réponse de Mitsui, qui possède 10% du puits. Le pétrolier britannique lui réclame 112 millions de dollars pour frais de nettoyage. La compagnie n'a pas encore fait connaître sa position. Sonatrach est solidaire de BP. Elle veut contribuer aux efforts menés pour réduire l'impact sur l'environnement causé par la fuite incontrôlée de pétrole survenue sur la plateforme offshore «Deepwater». Ce faisant, la compagnie nationale a répondu à la demande de BP en mettant à sa disposition 840 mètres linéaires de barrage flottant antifeu pour aider à endiguer la marée noire. Y. S.