La marée noir dans le Golfe du Mexique risquerait-elle de bouleverser la donne sur le marché du pétrole et du gaz ? Il semble que oui. L'incident provoqué par un disfonctionnement au niveau d'un plate-forme offshore du groupe pétrolier BP a plus d'une conséquence. Au-delà de l'impact qu'a eu cette marée noire sur l'activité générale dans le Golfe du Mexique et en Louisiane, elle risque de remettre en question la structure des forages en eaux profondes. Dans ce sens, l'Union internationale pour la conservation de la nature (IUCN) a appelé, vendredi, à une suspension de l'extraction du gaz et du pétrole dans les zones sensibles sur le plan écologique, à la suite de la marée noire dans le Golfe du Mexique. Ce moratoire mondial devrait inclure les forages en eaux profondes auxquels a de plus en plus souvent recours l'industrie du pétrole pour répondre à une demande croissante, en dépit des coûts d'extraction en mer et des risques environnementaux, selon l'IUCN. "La technologie pour minimiser les risques et l'impact de catastrophes comme celle de la fuite de pétrole de la plate-forme pétrolière Deepwater Horizon (de BP) fait de toute évidence défaut aujourd'hui", a déclaré la directrice générale de l'IUCN Julia Marton-Lefevre. "Notre compréhension de l'impact de cette catastrophe étant insuffisante, nous devons mettre un terme à l'exploitation du pétrole et du gaz, non seulement dans les gisements situés en eaux profondes, mais aussi dans toutes les zones écologiquement sensibles, dont les régions polaires", a-t-elle souligné. Dans un communiqué, l'IUCN a appelé "à un moratoire mondial sur l'exploitation de gaz et de pétrole dans les zones écologiquement sensibles". Aux Etats-Unis, le président Barack Obama a pris des mesures très restrictives pour les forages Offshore. Il a d'abord décidé de réformer l'agence ministérielle qui accorde les licences de forage aux pétroliers et supervise les chantiers. Ensuite, le président américain a pris plusieurs mesures d'urgence en matière de forage. Il a décidé de ne plus accorder de permis en eaux profondes pendant six mois, prolongeant le moratoire annoncé le 14 mai. Mais ce qui a le plus marqué les professionnels, c'est que le président a également ordonné l'arrêt temporaire, par précaution, de 33 forages déjà en cours dans le Golfe du Mexique. Une mesure qui touche une quinzaine de compagnies, en particulier Shell (5 forages), ENI, Marathon et Anadarko. Les autorités de régulation des Etats-Unis ont annulé, jeudi, les permis octroyés la veille aux sociétés souhaitant forer de nouveaux puits de pétrole et de gaz dans le Golfe du Mexique, selon des représentants du secteur pétrolier. De son côté, le Canada, qui est un pays producteur de pétrole important, a déjà entrepris une révision de ses politiques en matière de sécurité et de la protection de l'environnement dans le cas des forages extracôtiers dans l'Arctique. De son côté, le groupe de forages pétroliers Seadrill estime que l'accident de la plate-forme Deepwater Horizon dans le golfe du Mexique devrait accélérer la concentration du secteur. "La récente marée noire dans les eaux américaines du golfe (du Mexique) va probablement accentuer l'intérêt autour des acteurs expérimentés et compliquer la tâche pour les nouveaux opérateurs", écrit Seadrill dans son rapport trimestriel. "Cela est d'autant plus vrai que ces mêmes nouveaux opérateurs ont un accès limité au crédit. Par conséquent, Seadrill y voit l'opportunité d'une consolidation accrue du segment du forage en eaux profondes", ajoute-t-il. Seadrill s'est spécialisé dans le forage en eaux profondes, une niche techniquement compliquée comme l'illustre l'explosion survenue le 20 avril sur la plate-forme Deepwater Horizon exploitée par le britannique BP. L'accident a fait 11 morts et provoqué une immense marée noire dans le golfe du Mexique. Au premier trimestre, Seadrill a enregistré un recul de 10,2% de son bénéfice net, à 195,7 millions de dollars contre 217,9 millions un an plus tôt, en raison notamment d'éléments financiers exceptionnels.