Deux études indépendantes, présentées par le Groupe Pew pour l'environnement, révèlent l'étendue de l'inefficacité de la gestion des pêches hauturières toutes régions confondues, et de la responsabilité des gouvernements face à la surpêche des stocks de poissons grands migrateurs. " Nous parlons ici des trois quarts des stocks mondiaux de poissons et de l'avenir même de la sécurité alimentaire humaine ", a souligné avec force Mme Susan Lieberman, Directrice des politiques internationales du Groupe Pew pour l'environnement, qui animait la conférence de presse organisée au Siège de l'ONU par le Programme des Nations Unies pour l'environnement (PNUE). Les études menées ont été publiées en ligne, à l'occasion de l'ouverture de la Conférence d'examen de l'Accord aux fins de l'application des dispositions de la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer relatives à la conservation et à la gestion des stocks de poissons dont les déplacements s'effectuent tant à l'intérieur qu'à l'extérieur de zones économiques exclusives et des stocks de poissons grands migrateurs. " L'Accord de 1995 sur la pêche est l'instrument global le plus contraignant que tous les pays doivent signer et appliquer effectivement ", a affirmé Mme Lieberman, en regrettant que les résultats des recherches n'aient révélé " aucun progrès depuis 2006, 2001 et 1995 ". Relevant néanmoins que " ni le système des Nations Unies, ni l'Organisation des Nations Unies pour l'agriculture et l'alimentation (FAO) n'étaient en cause ", elle a déclaré que, si la communauté internationale " veut des pêcheries efficaces et une sécurité alimentaire pour les 3 milliards de personnes qui dépendent du poisson comme première source d'apport en protéines, l'ONU se doit d'agir ". La Conférence d'examen est la première grande réunion internationale dont la tenue soit en rapport avec les stocks des poissons migrateurs, depuis que la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d'extinction(CITES) a rejeté des mesures visant à limiter ou à faire cesser le commerce des requins et du thon rouge du Sud. " Les gouvernements ont été incapables de faire cesser les activités de pêche illégale ", a constaté Mme Sarika Cullis-Suzuki, chercheure à l'Université de Colombie-Britannique, qui présentait la première étude publiée en ligne par le journal Marine Policy. Pour Mme Cullis-Suzuki, les experts du Groupe Pew pour l'environnement sont arrivés à cette conclusion sans appel au cours de l'élaboration d'un rapport mondial, qui était le premier du genre en la matière. Dans ce rapport, les experts ont évalué les mesures prises par 18 organisations régionales de gestion des pêches (ORGP) à l'encontre des chalutiers opérant illégalement et qui rapportent au port des poissons de haute mer. " L'étude a montré que les ORGP, qui sont des entités intergouvernementales chargées de la gestion des pêches hauturières, n'ont pas réussi à stopper le déclin dramatique des stocks de poissons ", a-t-elle signalé. Grâce à une approche à deux volets, les chercheurs ont procédé à une analyse comparative mettant d'un côté les dispositions des accords et de l'autre la réalité prévalant sur le terrain. En résumé, " 67% de tous les stocks évalués ont été soit entièrement exploités soit épuisés ", a conclu Mme Cullis-Suzuki en remarquant que les traités internationaux en la matière " ne semblent pas avoir d'incidences visibles sur le terrain ". Le Groupe Pew se penche en particulier sur les problèmes liés à la pêche illicite, non déclarée et non réglementée; à la surcapacité de pêche, et aux subventions, dont l'utilisation est nuisible à l'environnement et détruit l'écosystème marin.