L'état de certaines espèces de poissons grands migrateurs et hauturiers, suscite de vives préoccupations même si la proportion de stocks mondiaux de poissons de mer considérés comme surexploités ou appauvris, est demeurée stable au cours des 15 dernières années, met en garde la FAO dans son dernier rapport, paru hier, sur les pêches mondiales. Sur tous les stocks de poissons de mer surveillés par la FAO, 25 % sont soit surexploités (17 %), soit appauvris (7 %), soit en voie de reconstitution (1 %), révèle le rapport intitulé Situation mondiale des pêches et de l'aquaculture et qui vient de paraître. Ces chiffres sont restés à peu près stables depuis 15 ans. Mais l'état des stocks de certaines espèces capturées exclusivement ou partiellement en haute mer hors des juridictions nationales suscite de graves inquiétudes - en particulier les requins océaniques grands migrateurs et les "stocks chevauchants" qui sillonnent les zones hauturières et franchissent régulièrement les frontières maritimes nationales.Plus de la moitié des stocks de requins grands migrateurs et 66 pour cent des stocks hauturiers et chevauchants sont soit surexploités soit appauvris, indique le rapport, notamment des espèces comme le merlu, la morue et le flétan, l'hoplostète rouge, le requin pèlerin et le thon rouge. Le rapport fait, en outre, remarquer que le suivi des captures de poisson en haute mer est insuffisant. Les statistiques des prises portent sur de très vastes zones, ce qui rend difficile l'évaluation précise de l'état des stocks spécifiques de haute mer et entrave les efforts d'aménagement responsable. En observant l'ensemble des espèces marines, le pourcentage de stocks atteignant ou dépassant leur rendement maximal équilibré varie, considérablement, d'une zone à l'autre, selon le rapport. Parmi les zones les plus problématiques figurent l'Atlantique du Sud-Est, le Pacifique du Sud-Est, l'Atlantique du Nord-Ouest et les lieux de pêche du thon de haute mer dans les océans Atlantique et Indien. Dans ces zones, les stocks surexploités, appauvris ou en reprise oscillent entre 46 et 66 % du total. Ces tendances confirment que le potentiel de capture des océans de la planète a vraisemblablement atteint son plafond. En outre, elles soulignent la nécessité d'une gestion plus prudente et efficace des pêches afin de reconstituer les stocks épuisés et empêcher la diminution des stocks proches de leur rendement maximal, a souligné un responsable de la FAO. Le document soutient, par ailleurs, que des réformes sont nécessaires pour renforcer les organismes régionaux d'aménagement des pêches, institutions multilatérales créées par les gouvernements pour promouvoir la coopération régionale en matière de gestion des pêches. Ces organismes - qui sont déjà au nombre de 39 tandis que d'autres sont en train de se constituer - représentent le seul moyen réaliste d'assurer une bonne gouvernance de l'exploitation des stocks halieutiques, qu'il s'agisse de stocks partagés ou de stocks chevauchants entre des zones de juridiction nationale, entre ces zones et la haute mer, ou exclusivement en haute mer. Pourtant, en dépit des efforts déployés ces dernières années pour améliorer leur capacité de gestion, "en l'absence d'une détermination politique des membres de certains de ces organismes et des positions rigides à l'encontre d'un aménagement régional rationnel des pêches, les initiatives visant à relever les enjeux de conservation et de gestion ont été contrariées, voire réprimées", ajoute le rapport. Les captures de poissons à l'état sauvage ont atteint un chiffre record de 95 millions de tonnes par an, dont 85,8 millions issus des pêcheries marines et 9,2 millions des pêches continentales. Au total, la production halieutique mondiale (captures marines et continentales plus pisciculture) s'élève à 141,6 millions de tonnes chaque année, dont 75 % (105,6 millions de tonnes) destinés à la consommation humaine directe; le reste étant utilisé pour les produits non alimentaires, en particulier pour la préparation de farine et d'huile de poisson. L'aquaculture demeure le secteur de production vivrière à plus forte croissance au monde, avec une production annuelle de 47,8 millions de tonnes. Les pêches de capture s'étant stabilisées, la pisciculture fournit des quantités toujours plus importantes de poisson pour l'alimentation. Si en 1980, seulement 9 % du poisson consommé par l'homme venait de l'aquaculture, aujourd'hui, ce chiffre est passé à 43 %. Le poisson et les produits de la pêche sont les aliments le plus échangés au monde. Le commerce mondial de poisson et de produits halieutiques a atteint un record absolu, avec une valeur d'exportation de 71,5 milliards de dollars, soit une hausse de 23 % par rapport à 2000. En conclusion, le rapport de l'organisation onusienne recommande de renforcer les organismes régionaux d'aménagement des pêches afin de conserver et de gérer les stocks de poisson plus efficacement, ce qui reste le principal défi que doit affronter la gouvernance internationale des pêches.