Les Européens semblent bien décidés à enfoncer les prix du gaz vendu sur les marchés à long terme. Ainsi, après la Russie, voilà que l'UE s'attaque à Sonatrach. En effet, selon le quotidien économique espagnol, L'Expansión, l'exploitation du gazoduc Medgaz, qui devrait être opérationnelle en juillet, pourrait être encore retardée de plusieurs mois à cause de la crise économique et financière qui touche l'Espagne et qui a conduit à une baisse de la demande de gaz. Medgaz est exploité par un consortium composé des groupes espagnols Endesa (12%), Iberdola (20%), Cepsa (20%), du français GDF Suez (12%) et de Sonatrach (36%), qui est également le fournisseur des autres partenaires à travers des contrats à long terme. A cause de la conjoncture espagnole, ces contrats, qui n'étaient pas encore signés, sont désormais en cours de révision, précise l'Expansión. Comprendre : Sonatrach n'est plus en position de force avec ses partenaires européens comme cela a été le cas il y a encore une année Dans ce contexte de baisse de la demande, les partenaires de Sonatrach veulent négocier des prix à la baisse avec la compagnie nationale. Il faut savoir que ça s'inscrit dans un mouvement global. En effet, le français GDF Suez mène des discussions avec le holding gazier russe Gazprom sur la renégociation des conditions de fourniture de gaz à long terme. L'allemand E.ON Ruhrgas a aussi récemment demandé à Gazprom de baisser le prix du gaz prévu par leur contrat à long terme ou de changer certaines clauses dans les contrats de fourniture de bleu. Ces exigences tenaient compte de la situation sur le marché du gaz où la demande est en baisse en raison de la crise économique mondiale. Gazprom, qui indexait jusqu'ici ses prix sur ceux du pétrole, a accepté de vendre une partie du gaz aux prix spot (à court terme) qui sont environ 25% inférieurs aux prix des contrats à long terme. Par ailleurs, le président de l'Union européenne de l'industrie du gaz naturel (Eurogas), Domenico Dispenza, a estimé que les accords à long terme sur la livraison de gaz à l'Europe doivent pouvoir subir des modifications, compte tenu de la conjoncture économique. Il faut dire que lors de la dernière réunion du Forum des pays exportateurs de gaz à Oran , les déséquilibres marquant le marché gazier, issus du développement du marché spot ont clairement été mis en avant, ce qui a poussé les participants a afficher leur attachement aux contrats à long terme. Les prix sur les marchés organisés du gaz sont en effet ridiculement bas, comparés aux prix des contrats à long terme, indexés, eux, sur le prix du pétrole : moins de 4 dollars le million de BTU à New York, moins de 5 dollars au Royaume Uni, alors que le prix contractuel tourne autour de 11 dollars. C'est pourquoi à Oran, la Russie n'a cessé de répéter son attachement aux contrats à long terme, mais aussi son désir de voir les prix spot du gaz indexés, à leur tour, sur les prix du pétrole . Aussi, la compagnie nationale des hydrocarbures veut opérer une offensive commerciale de taille mais en gardant bien à l'esprit de se positionner sur les marchés à long terme. le groupe Sonatrach a annoncé qu'il négociait actuellement des contrats de livraisons à long terme de GNL avec quelques pays asiatiques. La Sonatrach mise donc sur la diversification de ses clients tout en misant sur les contrats à long terme. Ce qui semble être l'option la plus rentable, d'autant plus que la demande mondiale de gaz naturel liquéfié (GNL) continuera à gagner en importance même si d'autres sources d'énergie non conventionnelle ont fait leur apparition. Notons, dans ce sens, que le GNL représente 50% des échanges commerciaux du secteur des hydrocarbures dans le monde.