Les choses devraient s'accélérer dans les prochaines semaines pour Sonatrach à l'international, notamment pour les projets Medgaz et Galsi, ainsi que sa prise de participation dans des blocs au Mali. Au plan diplomatique cela pourrait s'appeler un coup double. Les activités à l'international à Sonatrach constituent incontestablement un atout pour l'Algérie. Medgaz et Galsi sont des projets prioritaires pour l'Algérie, mais également pour ses partenaires stratégiques en la matière que sont l'Italie et l'Espagne. Si l'arrivée à la mi-novembre de Romano Prodi, le président du gouvernement italien, devait certainement donner un coup d'accélérateur au projet du Galsi, le gazoduc devant relier l'Algérie à l'Italie via la Sardaigne, le projet de gazoduc Medgaz reliant l'Algérie à l'Espagne devrait également connaître des développements d'ici la fin de l'année. Le Galsi reliera directement le gisement gazier géant de Hassi-R'mel à la Sardaigne en Italie en passant par la ville d'El-Kala. Actuellement en étude, le Galsi transportera à partir de 2009, 8 milliards de m3 de gaz destiné à l'Italie et d'autres pays européens. Le lancement des travaux de réalisation du Galsi est prévu pour 2008, selon les prévisions officielles. La visite officielle de José Luis Rodriguez Zapatero, le président du gouvernement espagnol, annoncée pour la fin de l'année, portera indubitablement sur des questions d'intérêt communs prioritaires telles que le Medgaz, regroupant actuellement Sonatrach et les groupes énergétiques espagnols Cepsa, Endesa et Iberdrola. Autre fait nouveau, la décision d'inclure dans le tour de table du consortium algéro-espagnol de Medgaz le groupe français Gaz de France (GDF) devrait être définitivement tranchée d'ici fin 2006, selon le quotidien économique français La Tribune. GDF avait annoncé au mois de mars dernier son intention de prendre une participation financière de 12% du projet Medgaz estimée à 640 millions d'euros. “La décision concernant ce projet d'investissement qui porte sur plus d'un milliard d'euros devrait intervenir en fin d'année pour une mise en service en 2009”, précise le quotidien économique. Les autorités algériennes avaient donné, selon Jean-François Cirelli, P-DG de GDF, leur accord préalable lors de l'annonce des intentions de la société française pour Medgaz. D'une capacité de 8 à 10 milliards de m3, Medgaz alimentera l'Espagne, dont 60% du gaz provient déjà d'Algérie via le gazoduc Maghreb-Europe (GME) qui traverse le détroit de Gibraltar. Il desservira aussi le reste de l'Europe, Medgaz étant connecté au réseau français par l'actuel gazoduc Auskadur. L'investissement de GDF contribuera, selon La Tribune, à hisser d'ici à 2010 l'Algérie, au deuxième rang de ses fournisseurs derrière la Norvège mais à égalité avec la Russie. Sonatrach est, en effet, l'un des plus gros fournisseurs de GDF. Le gazier français importe 10 milliards de mètres cubes de gaz algérien. Les exportations de Sonatrach vers l'Europe connaîtront une hausse de 40 % d'ici à 2015. Les deux gazoducs, le Medgaz et le Galsi, permettront à l'Algérie de renforcer sa position sur les marchés européens du gaz. L'Europe absorbe actuellement 90% du gaz algérien. Par ailleurs, sur le plan africain, Sonatrach et l'italien ENI débarquent conjointement au Mali. Et ce n'est certainement pas Romano Prodi qui y trouverait quelque chose à redire. Les deux compagnies ont décidé de se lancer ensemble dans le développement d'une zone potentiellement pétrolifère au Mali, à la frontière avec la Mauritanie et l'Algérie, le bassin de Taoudénit. Les cinq blocs couvrent une superficie de 193 200 kilomètres carrés au centre du bassin. C'est ce qu'a annoncé la compagnie italienne vendredi dans un communiqué. ENI et Sonatrach ont repris cinq blocs à la compagnie d'exploration pétrolière australienne Baraka Petroleum. ENI a racheté 50% des cinq zones identifiées par Baraka et orchestrera les forages, voire l'exploitation, des éventuels champs pétroliers identifiés. La Sonatrach, qui intervient via sa filiale pétrolière internationale Sipex, prendra 25% de ces cinq blocs. Baraka et sa filiale malienne conserveront, quant à elles, les 25% restants. Baraka Petroleum récupère dans cette transaction 19 millions de dollars. D'une certaine manière c'est sur la Sipex, donc sur Sonatrach que les espoirs se fondent. “La Sipex a déjà une grande expérience de l'exploitation pétrolière dans le Sahara, où la géologie est très proche de celle observée dans la partie malienne du bassin du Taoudeni”, a estimé Max de Vietri, le P-DG de Baraka Petroleum, au quotidien français La Tribune. D'autant que le Bassin du Taoudénit est considéré comme un nouvel Hassi-Messaoud, jusqu'à présent pas réellement exploité. De quoi susciter bien des espoirs que ce soit pour les majors qui prennent le risque d'explorer ou pour le Mali. Sonatrach vient par là même de renforcer son partenariat avec l'un de ses principaux clients. Samar Smati