Les 31 ressortissants algériens séquestrés par les forces d'agression israéliennes après avoir pris part à l'opération humanitaire "Flottille de la liberté", ont été rapatriés dans un avion de la compagnie nationale Air Algérie, qui est arrivé jeudi à 00h20 à Alger en provenance de Amman (Jordanie). Concerne le 32e ressortissant algérien, il est resté en observation à l'hôpital d'Amman. Le secrétaire d'Etat auprès du ministère des Affaires étrangères, chargé de la Communauté nationale à l'étranger, Halim Benatallah, a déclaré à la presse que "c'est sur instruction et initiative du président de la République que nous sommes partis vers Amman pour rapatrier les 31 ressortissants algériens victimes d'une prise d'otage par les autorités israéliennes". Il a qualifié ce dénouement "d'heureux" et qui s'est concrétisé grâce aux "efforts du président Bouteflika qui était en contact, notamment, avec les autorités jordaniennes qui ont joué un rôle extrêmement positif et qui a facilité la libération de nos concitoyens". Le secrétaire d'Etat a tenu à signaler que deux messages se dégagent de cet événement. "Il s'agit de la protection de nos concitoyens et notre communauté algérienne par le président Bouteflika ainsi que la solidarité active qui vient d'être exprimée à travers cette délégation sortie heureusement saine et sauve de cette opération de solidarité active en direction du peuple palestinien exprimée sur le terrain", a-t-il enchaîné. Selon l'interlocuteur, les actes commis contre cette Flottille de liberté, démontre qu'"Israël restera un adversaire de la paix et qu'il continuera à agir en défiant les lois internationales". Par ailleurs, ce même responsable a remercié le travail accompli par l'ambassade d'Algérie en Jordanie qui était présente, a-t-il déclaré, à tout moment et a suivi de très près les opérations. Il a estimé que sa mission (ambassade) démontre la contribution positive de l'appareil diplomatique à la protection des concitoyens. Quelques uns de nos ressortissants qui ont participé à l'opération d'acheminement des aides humanitaires à la population de Ghaza, sous blocus israélien, ont manifesté leur satisfaction quant aux efforts consentis par l'Algérie pour leur libération et leur rapatriement au pays, tout en se disant prêts à participer à d'autres opérations similaires en déclarant à la presse : "Nous nous sommes préparés psychiquement au pire, voire mourir en martyrs, mais cela ne nous a pas stoppé et nous avions décidé de continuer le combat et d'aller jusqu'au bout, même si nous avions trouvé des difficultés à convaincre nos familles de la justesse de notre cause et de faire partie de la délégation humanitaire". Pour eux, même s'ils n'ont pas achevé leur objectif, leur cause s'est tout même fait entendu par le monde entier. "Notre but était de faire resurgir la cause palestinienne sur la surface et faire entendre ses cris à l'opinion internationale et nous avons réussi grâce aux médias", ont-ils insisté. Affichant leur contentement pour avoir pris part à cette aide humanitaire, ces derniers se disent sûrs et certains que toute initiative humanitaire laissera un impact positif. Ils étaient tous unanimes à qualifier l'agression de l'armée israélienne contre le convoi de "terroriste", de "barbare" et de "cruelle". "Nous avons vu des choses horribles. Les Israéliens sont loin d'être des humains et le monde entier doit revoir sa politique vis-à-vis de ces assassins. Notre convoi humanitaire a été sauvagement agressé alors que nous étions dans les eaux internationales", a relaté un des 31 Algériens libérés mercredi matin et rapatriés dans la matinée de jeudi sur instruction du président de la République, M. Abdelaziz Bouteflika. "Avant notre départ, nous nous sommes préparés au pire", ont-ils dit, soulignant qu'ils étaient décidés hommes et femmes, d'aller "jusqu'au bout". "Ligotés pendant près de douze heures et parqués sur la terrasse du ferry turc Mavi Marmara, la horde sauvage nous a même privés de faire nos besoins naturels", ont-ils tous témoigné à la presse. Jetés avec "barbarie" en prison de Bir Sabaa (sud de Ghaza), les 32 Algériens étaient dépossédés de leurs bagages, de leurs téléphones portables, de leurs caméras ainsi que de leurs passeports. "Ils ont refusé de nous rendre nos passeports". "A la libération, l'armée israélienne n'a pas rendu les passeports à deux journalistes et à une jeune fille, sans nous donner des motifs", ont déclaré les trois concernés. La plus jeune algérienne parmi le groupe, Aïcha Dahache, a qualifié les autorités israéliennes de "lâches" pour avoir attaqué une délégation composée d'hommes et de femmes pacifiques. "Plutôt rester en prison que reconnaître Israël". Comme le témoigne le journaliste d'El-Khabar, Hamid Zaatchi, il était important pour les médias de faire entendre tout haut les cris des Palestiniens et ressortir la cause palestinienne sur la scène internationale. "Cette expérience m'a montré, en tant que journaliste et en tant que défenseur des droits palestiniens, les réalités des juifs. Il faut être sur place pour voir ce que font réellement les juifs", a-t-il déclaré. Pour Hamid, il est clair qu'Israël est un Etat "terroriste". "Il a violé les droits de l'homme internationaux en s'attaquant à une flottille de la liberté et même si la délégation, composée de plusieurs nationalités, n'a pas pu atteindre leur destination, elle a néanmoins fait reparler de la cause palestinienne et du blocus de Ghaza". Par ailleurs, le porte-parole de l'Alliance présidentielle, Miloud Chorfi, a salué la décision du président Bouteflika de consacrer un avion spécial pour le rapatriement des 31 Algériens, mettant en évidence l'importance qu'accorde le chef de l'Etat aux Algériens et à la communauté algérienne à l'étranger. Comme il est fort à signaler qu'une foule nombreuse a accueilli à l'aéroport Houari-Boumediene les 31 ressortissants algériens. L'avion, qui s'est envolé mercredi après-midi vers la capitale jordanienne, Amman pour le rapatriement des 31 Algériens, avait à son bord le président du Mouvement de la société pour la paix (MSP), Aboudjerra Soltani, quatre médecin, dont deux psychologues, des membres des groupes parlementaires des partis de l'Alliance présidentielle (FLN, RND et MSP) et un groupe parlementaire des Indépendants ainsi que des journalistes. La délégation a été présidée par Halim Benatallah. De son côté, le ministre délégué chargé des Affaires africaines et maghrébines, Abdelkader Messahel, a déclaré, mercredi au Caire, que le crime odieux perpétré par l'armée israélienne contre cette flottille d'aide humanitaire était un précédent grave dans les relations internationales, en ce sens qu'il constitue "un acte de terrorisme international et de piraterie criminelle qui touche la navigation maritime internationale et menace la sécurité et la paix internationales". M. Messahel a indiqué, lors de son intervention à la réunion urgente des ministres arabes des Affaires étrangères, convoquée pour discuter des mesures à prendre pour faire face à l'agression israélienne contre la Flottille de la liberté, que le nombre de morts et de blessés parmi des civils innocents était une preuve flagrante de la gravité de ce crime. Il a réaffirmé la condamnation "de la manière la plus énergique" par l'Algérie de cette agression "lâche et criminelle" et son "plein soutien" à la cause du peuple palestinien pour faire face à l'occupation sioniste et à son droit légitime à la résistance contre l'injustice, appelant les Palestiniens de s'unir pour faire face à un ennemi notoirement arrogant et à régler leurs différends à travers un dialogue "sérieux et clair et la conjugaison des efforts pour faire échec aux plans sionistes visant la Nation arabe dans son ensemble". "C'est le seul moyen qui leur permettra d'atteindre leur objectif et notre objectif à tous, à savoir, l'établissement de l'Etat palestinien avec El-Qods pour capitale", a-t-il enchaîné. M. Messahel a mis en exergue que l'acte "criminel et odieux" perpétré par Israël intervenait dans une situation marquée par l'arrêt du dialogue au Proche-Orient vu l'intransigeance israélienne qui rejette toute initiative visant la résolution de la crise, dont l'initiative arabe de paix et les efforts consentis au plan international pour la reprise des négociations qui reste conditionné d'un arrêt total des opérations d'implantation de colonies dans les territoires occupés, y compris El-Qods, et d'une résolution définitive de la question des réfugiés. M. Messahel a démontré que cette attaque contre la Flottille de la liberté n'a fait que rappeler à l'opinion publique internationale la tragédie de la population de Ghaza soumise à un blocus injuste depuis trois ans et après la guerre sanglante qui a détruit la ville et anéanti sa population face à un silence qui traduit de manière flagrante l'injustice quant à la sanction d'Israël. M. le ministre a aussi évoqué la position des défenseurs de la paix et des forces ardentes dans le monde qui soutiennent le peuple palestinien dans sa ferme résistance face au blocus et à l'occupation ainsi que "l'élan héroïque" dirigé par des Hommes libres de Turquie aux côtés de partisans de la cause palestinienne des différents pays du monde, dont des Algériens, pour rompre le blocus imposé à Ghaza et mettre à nu les pratiques d'Israël contre des civils palestiniens avec "une complicité internationale méprisable..." Pour autant, M Messahel a appelé de nouveau la communauté internationale, les Nations unies, le Conseil de sécurité, le quartette international à assumer leurs responsabilités et à dénoncer cette attaque "barbare". Il a ajouté que ce qu'ont subi les défenseurs de la paix doit interpeller tous à œuvrer à accélérer l'application des résolutions, notamment celles relatives à la protection des activistes humanitaires en activant particulièrement les mécanismes du droit humanitaire international et les clauses de la 4e convention de Genève de 1949 qui garantit la protection des civils en temps de guerre. A cet égard, il a appelé le Conseil des droits de l'Homme à se réunir d'urgence pour condamner cet acte lâche et à mettre en place une commission internationale impartiale qui devra poursuivre les responsables israéliens responsables de ce crime odieux. Il a, de plus, appelé les pays arabes à œuvrer rapidement dans l'application de ce qui a été convenu auparavant concernant la reconstruction de Ghaza et à fournir les efforts nécessaires pour assurer l'acheminement des aides que requiert cette opération, notamment les matériaux de construction vers Ghaza avec la coopération des institutions palestiniennes et les organismes onusiens. De son côté, Mustapha Mokri (23 ans) a indiqué que les forces d'agression israéliennes ont remis aux Algériens détenus un procès-verbal dans lequel ils devaient reconnaître, entre autres, "être entrés en Israël de manière illégale". "Aucun ressortissant algérien n'a signé ce PV, car, a-t-il affirmé, nous étions solidaires et avons préféré la prison plutôt que de reconnaître Israël", a-t-il ajouté. Les ministres arabes des Affaires étrangères ont décidé jeudi, à l'issue d'une réunion urgente, de prendre les mesures susceptibles de mettre fin au blocus israélien imposé à Ghaza. Selon le communiqué final de la réunion, les ministres arabes des AE demandent au Conseil de sécurité de convoquer une séance spéciale consacrée à la question du blocus de Ghaza et à l'examen des violations et agressions israéliennes. Il a été décidé à cet effet de charger le Conseil des ambassadeurs arabes de tenir une réunion du Conseil de sécurité pour contraindre Israël à lever le blocus. Les ministres ont aussi chargé le secrétariat général de prendre toutes les mesures juridiques nécessaires pour faire face aux agressions israéliennes, "notamment à travers une action judiciaire devant la Cour internationale de justice et l'assistance à la mission d'enquête internationale" du Conseil onusien des droits de l'homme. Les ministres arabes des AE ont convenu, lors de cette réunion, à laquelle a pris part le ministre délégué chargé des Affaires africaines et maghrébines, Abdelkader Messahel, de soumettre une recommandation au prochain sommet arabe pour examiner la situation de l'initiative arabe de paix à la lumière des violations et agressions israéliennes continues. Les ministres ont souligné, par ailleurs, leur engagement à assister la population de Ghaza en assurant, par différents moyens, l'acheminement des aides nécessaires (denrées alimentaires, médicaments, matériaux de construction). Ils ont enfin appelé les pays et organisations internationales et le Conseil de sécurité de l'ONU à condamner le blocus et à apporter les aides humanitaires nécessaires à même d' y mettre fin.