Au début de ce qui avait été présenté comme devant s'appeler la mondialisation, un grand espoir avait été investi dans ce qui était pour nous une nouveauté, à savoir les délocalisations. Une main-d'œuvre qualifiée, des hauts diplômés en nombre et en qualité, un syndicat " unique " qui tempère les revendications, des salaires bien bas par rapport aux mêmes qualifications qu'en Europe, on pensait que toutes ces énumérations allaient être des atouts pour notre pays. Là où on nous disait vrai, c'est que dans les pays développés les patrons en quête de réduction des coûts pour rester compétitifs ont effectivement tous amorcé le processus de délocalisation. Mais, la direction prise par ces délocalisations n'était pas la bonne pour nous. Celles-ci allaient majoritairement vers l'Asie, pas vers l'Afrique, pas vers le monde arabe, pas vers le Maghreb. Quand les patrons délocalisaient, les syndicats européens criaient au danger pour l'emploi et l'économie de leurs pays, alors que les hommes d'affaires, ou plutôt les patrons, expliquaient pourquoi ils délocalisaient et se reprochaient même d'avoir trop attendu pour le faire. Chez nous on disait, ou plutôt le chef de l'UGTA disait " mieux vaut une entreprise privatisée qu'un entreprise dissoute, alors que le patronat Europe en disait " mieux vaut une entreprise délocalisée qu'une entreprise fermée". On se dit, encore une fois, que les riches acteurs de la mondialisation ont trompé les pays en développement situés dans les espaces arabe et africain, c'est-à-dire nous. Nous avons accepté d'entreprendre les réformes économiques et financières qu'on nous recommandait, mais les compensations promises ne sont pas venues, à savoir les délocalisations en notre faveur et les IDE. On nous approchait sous l'angle de notre capacité à être de bons clients et à provoquer chez nous la relance de la consommation génératrice chez eux de la relance de l'économie.