L'Autorité de régulation de la Poste et des télécommunications (ARPT) commencerait-elle à montrer des défaillances ? Au regard des derniers événements qui secouent le secteur des télécommunications, il semblerait bien que ce soit effectivement le cas. Le ministre de la Poste et des Nouvelles technologies de l'information et de la communication, M. Boudjemaâ Haichour, réagissant à la polémique induite par la dernière injonction de l'ARPT à Orascom Télécom Algérie l'exhortant à retirer sa dernière baisse de tarifs sur son offre Allo OTA, a indiqué, hier, que l'ARPT entame actuellement une nouvelle phase de son évolution. Après s'être contentée, dans un premier temps, de vendre des licences et des autorisations d'exploitation de réseaux de télécommunications, l'Autorité doit jouer aujourd'hui le rôle de régulateur. Et ce n'est pas chose aisée. Même si le ministre estime que l'ARPT est un organe souverain qui a un droit de regard sur tout ce qui se fait sur le marché, il reconnaît néanmoins que c'est à travers la pertinence des résolutions et des décisions prises par celle-ci que l'on pourra juger de sa capacité à jouer son rôle de régulateur ainsi que de sa gestion et de sa gouvernance et cela dans le strict respect des normes et des règles. Le ministre a insisté, dans ce contexte, sur le fait que l'ARPT en tant régulateur doit se conformer à une certaine éthique et une certaine déontologie. Les propos du ministre révéleraient-ils un malaise au sein l'ARPT qui l'empêcherait de jouer pleinement son rôle ? En tout état de cause, le premier responsable du secteur a reconnu avoir été en quelque sorte dans l'obligation de convoquer les membres du conseil de l'Autorité pour la première fois depuis sa création en 2000, pour leur dresser un tableau des objectifs du programme de réformes initié par le président de la République et qui doit à terme conduire à un développement exponentiel du secteur des télécommunications. Il a, d'ailleurs, insisté au cours de cette audience sur le strict respect des règles de la concurrence sans discrimination aucune. Le ministre avouera également avoir personnellement instruit le conseil de l'ARPT de tenir une réunion vendredi avec les différents opérateurs aux fins d'arriver à une solution au problème posé par OTA. La réunion qui devait mettre fin aux irrégularités et permettre à l'ARPT de revenir sur sa décision n'aura finalement pas abouti. Aussi, il serait utile de noter qu'Orascom se trouve actuellement et techniquement dans l'impossibilité de retirer son offre. Il en reste néanmoins que les déclarations de M. Haichour nous laissent perplexes quant au champs d'intervention de l'ARPT. On a l'impression que les pouvoirs publics ont ressenti le besoin de rappeler au régulateur qu'il doit contribuer de manière effective au développement du secteur. On serait susceptibles donc de croire que l'Autorité fait le contraire. Si l'on prend en compte le fait que l'ARPT demande à Djezzy de freiner son développement pour la simple raison qu'il a assuré une croissance exceptionnelle par rapport à ses concurrents, on serait tenté de dire que l'ARPT tire le marché vers le bas alors que Djezzy essaye de le tirer vers le haut. Autre cas édifiant, celui de Lacom. Egypt Telecom, actionnaire à hauteur de 50 % dans le second opérateur de téléphonie fixe, gèle des investissements à hauteur de 20 millions de dollars en Algérie. L'opérateur qui a obtenu une licence en mai 2005 pour l'exploitation d'un réseau de téléphonie fixe pour 65 millions de dollars, prévoyait pourtant un investissement de 300 millions de dollars d'ici à fin 2006. Celui-ci a dû revoir ses objectifs à la baisse. Principale cause invoquée, Lacom fait face à une concurrence déloyale de la part de l'opérateur historique sans l'Autorité de régulation ne le rappelle à l'ordre. Il serait utile de rappeler, dans ce contexte, que Lacom a buté dès son arrivée sur le marché sur un problème de dégroupage qui l'a empêché de lancer des services Data et vidéo. Il a ensuite dû faire face aux tarifs d'interconnexion élevés pratiqués par Algérie Télécom (AT), lesquels avaient pour principal objectif " d'isoler " Lacom des citoyens, en appliquant une tarification plus élevée que ce qu'il y a dans le carnet d'interconnexion. En parallèle, AT s'est attelé à casser les prix et il est même allé jusqu'à faire dans le dumping en offrant les équipements WLL et des lignes gratuites. Tout cela a sérieusement altéré les chances de Lacom de se faire une petite place sur le marché. Un exemple qui donne une piètre image du climat de l'investissement en Algérie, au moment même où les pouvoirs publics font des mains et des pieds pour inciter différents opérateurs à venir investir dans notre pays.