Boudjemaâ Haïchour a exhorté l'instance de régulation à étudier soigneusement et profondément les offres des opérateurs avant de prendre toute décision. L'Autorité de régulation des postes et des télécommunications (Arpt) s'est réunie vendredi, avec un seul point à l'ordre du jour, l'examen du recours déposé pas Orascom Télécom Algérie concernant une résolution de cette institution, datée du 12 mars, ordonnant à OTA de retirer sa nouvelle offre tarifaire. C'est ce qu'a annoncé, hier, le ministre de la Poste et des Technologies de l'information et de la communication. L'Arpt va-t-elle revoir sa décision? Apostrophé par les journalistes, en marge du forum El Moudjahid, M. Boudjemaâ Haïchour s'est montré très peu prolixe: «J'ignore les décisions prises. Je serai mieux informé lorsque l'Arpt me communiquera le rapport sanctionnant cette réunion.» Cependant, il a tenu à préciser que son département n'a pas le droit d'interférer dans le travail de l'Arpt, dont les missions sont régies par les textes de loi. Haïchour a donné néanmoins un certain nombre d'indices indiquant que la situation pourrait connaître un dégel dans un avenir très proche et qu'un consensus se profile à l'horizon au profit de l'opérateur égyptien. Dans ce contexte, il a fait savoir qu'il accorde personnellement un intérêt très particulier à cette question. Il en veut pour preuve que pour la première fois depuis la création de cette institution, le ministère de la Poste et des Technologies de l'information et de la communication a convoqué les membres de l'Arpt afin de débattre du problème survenu sur le marché des télécoms. «C'est une première», lance-t-il aux journalistes. Les détails de cette entrevue communiqués par le premier responsable de ce secteur sont très importants. Haïchour affirme de prime abord, avoir «expliqué la stratégie du gouvernement, dans ce secteur, qui traduit, précise-t-il, la vision du président de la République». L'Autorité de régulation a-t-elle besoin de ce rappel? «L'Etat, soulève-t-il, tient au respect des normes de la concurrence et à la promotion des investissements dans ce domaine». Insinuant que l'Etat algérien n'a nullement l'intention de bloquer les investissements arabes. Par ailleurs, Haichour aurait exhorté l'Arpt «à étudier soigneusement et profondément les offres des opérateurs avant de prendre une décision. Même s'il faut faire appel à des bureaux étrangers pour mener des enquêtes appropriées sur le terrain». L'Arpt a-t-elle agi à la hâte en annulant, le 12 mars dernier, une offre promotionnelle de Djezzy vers 10 millions d'abonnés, de 3,99DA l'appel de Djezzy à Djezzy et de 4,49DA vers les autres opérateurs? Là aussi, le ministre ne répond pas en insistant sur le fait que l'Arpt «est souveraine». Il a tenu, quand même, à expliquer la complexité de la mission de cette Autorité. «Au départ, l'Arpt avait une mission facile, celle de gérer la vente des licences. Maintenant et avec l'ouverture du marché, ses prérogatives s'élargissent et se compliquent et cela demande beaucoup de pertinence.» Revenant sur les péripéties de ce conflit, notre interlocuteur rappelle que OTA avait proposé cette offre en vertu de l'article 22-02 de son cahier des charges, mais que cet opérateur était censé informer l'Autorité de régulation un mois avant le lancement de la formule. «En cas d'absence de réaction de la part de l'Arpt, l'opérateur avait le droit de mettre sur le marché cette offre». Or, ce cas ne s'applique pas à l'opérateur égyptien. «Lorsqu'un opérateur se sent lésé conclut-il, il peut faire appel au Conseil d'Etat». OTA a effectivement contesté cette décision, et évoque «des mesures freinant artificiellement ses activités commerciales au profit de ses concurrents et au détriment des consommateurs». L'Arpt, selon les responsables d'OTA, entrave la liberté tarifaire de cet opérateur, garantie par les textes et son cahier des charges «faussant ainsi de manière purement artificielle le jeu de la concurrence sur le marché de la téléphonie mobile en Algérie». Par ailleurs, M.Haichour n'a pas voulu commenter la décision d'Egypte Télécom de retirer 20 millions de dollars du marché algérien, estimant qu'il s'agit d'un «problème différent sur lequel il aura l'occasion de s'exprimer très prochainement».