Les Nations unies ont annoncé mercredi à Niamey avoir débloqué pour le Niger quelque 14 millions de dollars supplémentaires (plus de 11 millions d'euros) contre la crise alimentaire qui frappe près de la moitié de la population. Cet argent servira à combattre la crise qui touche habitants et bétail à la suite de la grave sécheresse qui a affecté les récoltes, indique le Bureau de Coordination des Affaires Humanitaires des Nations unies (Ocha) à Niamey dans un communiqué. Les fonds permettront notamment aux agences onusiennes "d'accroître leurs actions au cours de la période de soudure pendant laquelle les populations sont les plus vulnérables". La "période de soudure" a débuté en juin avec la campagne agricole et la saison des pluies pour s'achever en septembre avec les récoltes. A ce jour, le Plan d'action humanitaire en faveur du Niger a été financé à hauteur de 57% et plus de 80 millions de dollars (65 M EUR) restent à mobiliser, souligne OCHA.A u Niger, 7,8 millions de personnes ¯ sur une population de 12 millions ¯ se retrouvent en situation d'insécurité alimentaire. Elles ont une quantité et une qualité de nourriture insuffisantes pour mener une vie saine et active. La famine menace. Elle culminera en juillet ou en août, en pleine saison des pluies. À partir d'octobre, plus une goutte ne tombera du ciel, il faudra alors vivre sur les réserves. Or, des réserves, à Tondikiwindi, il n'y en a plus. Dans ce gros village, à 160 km au nord-ouest de Niamey, la capitale, l'État a commencé à fournir des sacs de céréales. " Même quand la récolte est abondante, nous nous retrouvons face à un déficit qualitatif à partir du mois de mai. Il ne reste plus que des céréales, il faut alors attendre septembre pour avoir des légumes. Ce qui entraîne de graves carences alimentaires ", se désole Harouna Bembello, président de SOS Sahel au Niger. Ce sont d'abord les animaux qui trinquent. Sans bête à vendre, pas d'argent pour suffire aux besoins primaires. Pour faire face, les paysans sont souvent contraints de vendre leur production dès la récolte, au plus bas des cours. Mais ça n'est pas une fatalité : l'an dernier, à Bonkoukou, à 140 km au nord-est de Niamey, SOS-Sahel a mis en place un système de " warrantage " destiné aux producteurs de pommes de terre. Dès la récolte, les paysans déposent leur production dans un hangar sécurisé : la garantie de déblocage d'un prêt, calculé sur la base du prix de la pomme de terre au jour du dépôt. Ils revendront plus tard, quand les cours auront monté et rembourseront la banque.