Il y avait peut-être autant de monde à l'intérieur qu'à l'extérieur de la salle El Mougar, où la clôture de la semaine culturelle de Tizi Ouzou et d'El Bayad devait avoir lieu, jeudi dernier. Les jeunes qui suppliaient sans répit les agents de sécurité de cet espace durant des heures, ont décidé par désespoir de faire le pied de grue jusqu'à tard dans la soirée, histoire de rester proches des lieux de la fête. Bondé, le mot serait sans doute trop faible pour décrire le monde noir qu'il y avait à la salle El Mougar où les stars de la chanson kabyle, Aït Menguellet, Mohamed Allaoua, Akli Yahiètene, Hacene Ahres ..étaient invités. “ Je suis venu de Boumerdès spécialement pour rencontrer Aït Menguellet ” a confié un jeune en sueur qui n'a pas décroché un moment de la piste de danse petite comme une boite à chique. “Nous sommes ici en famille, et nous venons de Tizi Ouzou, spécialement pour assister au concert de Mohamed Allaoua, et Aït Menguellet ” avoue un quinquagénaire ajoutant que ces deux noms de la chanson sont leurs idoles. Depuis le lancement officiel de “ Alger, capitale de la culture arabe 2007”, on n'aura jamais vu autant de monde dans un espace culturel, tant les menus qui se suivent et qui se ressemblent n'ont jamais intéressé le public. Que ça soit pour la semaine culturelle du Koweït, de l'Egypte, de Sétif, de Bordj Bou Arréridj ou encore du Yémen, jamais au grand jamais le public ne fut aussi nombreux. D'ailleurs l'on se rappelle même que lors de la semaine culturelle de Sétif, les interprètes en tenues bédouines flambant neuves, suppliaient les passants de les rejoindre en salle, tant cette dernière était vide. Les spectacles de l'événement d'“Alger, capitale de la culture arabe 2007 ” sont certes gratis, mais faudrait-il encore que les menus artistiques attirent….Parce que à chaque organisation d'une semaine culturelle d'une ville quelconque de l'intérieur, les organisateurs mettent surtout du folklore, un peu de danse locale, une petite pièce de théâtre signée par une compagnie inconnue dans le bataillon artistique, quelques œuvres plastiques de jeunes talents affiliés au centre de jeunesse, quelque court métrage vu et revu sur petit et grand écran, du folklore dans toute sa dimension : culinaire, vestimentaire et vannerie ….Voilà pour ce qui est des menus de ces semaines, qui prennent, au fur et à mesure que le temps passe, une véritable allure d'une kermesse pour enfants où ni l'on s'amuse, ni l'on apprend grand-chose. En revanche, à la cinémathèque algérienne où il y avait durant ce rendez-vous tiziouzien, qui s'est déroulé du 1e au 05 avril dernier, à l'affiche, les films de référence qui ont fait le cinéma amazigh, ( Machaho de Belkacem Hadjadj, La colline oubliée de Boughermouh, Si M'hand U M'hand, L'insoumis de Rachid Ben Allel) point de monde. Est-ce que c'est parce que ces oeuvres cinématographiques sont datées, ou alors c'est le fait que la salle en elle-même, aux allures repoussantes qui n'inspire pas ? En tout cas, il y a des jours, ils sont rares certes, où le musée du cinéma affiche complet. Les passants de la rue Larbi Ben M'hidi, déchiffraient à peine les affiches à l'entrée et continuant de vaquer à leurs occupations. La cérémonie de clôture de la semaine culturelle de Tizi Ouzou aura complètement “ bouffé ” celle d'El Bayad, tant les artistes locaux de cette ville n'avaient pas grand-chose à proposer hormis la parlote et les spectacles sans attraits. Avec les grosses peintures de la chanson kabyle, ce rendez-vous aura certainement pour une fois marqué par son aspect super populaire, “ Alger, capitale de la culture arabe 2007 ”.