C'est aujourd'hui que se clôture la semaine culturelle des wilayas de Guelma et Mascara qui a débuté, jeudi dernier, à Alger, avec tambour et trompette dans le cadre, d' “Alger, capitale de la culture arabe 2007 ”, un événement qui passe inaperçu mais dont le programme se poursuit malgré l'absence criarde du public. Après Tizi Ouzou, Sétif, Bordj Bou Arréridj…..quelques unes des villes de l'intérieur du pays font le déplacement jusqu'à Alger, afin de montrer leurs spécificités artistiques qui restent, malheureusement, cloisonnées dans le folklore pur et dur. Ces semaines culturelles prouvent, encore une fois, que la création artistique est, selon la conception des responsables de la culture, synonyme de cérémonies de la touiza, du couscous, de la cueillette d'olive, du tissage, de la cuisine, des sons du baroud et de la guasba, et de la danse du ventre... Nous n'avons vu aucune œuvre textuelle, théâtrale ou cinématographique emportée dans les bagages de “ ces artistes ” qui viennent par masse pendant une semaine faire leur show dans des salles, généralement vides, sans pour autant laisser une trace minime soit-elle d'une œuvre digne de son nom. Pour la semaine de Guelma et de Mascara, c'est encore une fois la salle El Mougar et la Cité des sciences qui ont accueilli ce rendez-vous calqué sur celui des semaines culturelles des autres wilayas ayant auparavant fait le déplacement. Ces villes censées montrer le meilleur de leur curée artistique, n'ont fait qu'exposer leur gastronomie, leur patrimoine archéologique et historique. Comme si ces expositions étaient un pur produit de l'artiste de maintenant qui ne fait que déplacer sur d'autres lieux un patrimoine vieux, connu et reconnu. C'est ainsi que la wilaya de Mascara que le hasard de l'Histoire a fait du chef-lieu du même nom la ville natale de l'Emir Abdelkader a focalisé ses expositions ainsi que ses interventions sur ce personnage qui a fondé l'Etat algérien. La participation des “artistes ” de Mascara a tourné donc comme vous pouvez l'imaginer autour de l'histoire de cette ville qui a été vers la fin du XIXe siècle un véritable socle de la résistance contre l'occupation française. Toujours dans l'esprit cloisonné de cette culture folklorique, -donc qui ne bouge pas- les hôtes de la ville de Guelma, ont concentré leur représentation sur la personnalité d'un autre homme que le hasard de l'Histoire a fait qu'il soit natif de cette ville, le président Houari Boumediene. En plus de cette évocation des grandes figures de la Révolution, “ les arts ” locaux ont été présentés dans leur aspect le plus immobile. Après l'art culinaire, l'intervention de ces hôtes est allée vers les habits traditionnels, avec la présence sur place de couturières. “ La fetla”, une broderie vielle et remodelé, aujourd'hui, a été mise en valeur tout autant que le “ Medjboud ” une autre spécialité locale, qui pourrait sans doute être revue au risque d'être mise dans le Musée d'arts anciens. Ces travaux donnent, certes, la température d'un legs, ou plutôt d'une mode restée des siècles inchangée. Pour les arts plastiques de la wilaya de Guelma, le constat n'est pas terrible. Le chef de file de ces artistes peintre s'appelle Hocine Himeur. Son œuvre est la reproduction de la Grande Poste sur une fresque cosignée, avec Mesli. Hocine Himeur, qui est un étudiant de l'école des Beaux Arts de la promotion des années quatre-vingt, s'inspire de Issiakhem dans les œuvres qu'il présente à cette exposition de la Cité des sciences, notamment pour son tableau qui représente la mère. Les tableaux de Bettina Heinen Ayech, cette Allemande qui a suivi son mari habitant Guelma et qui y vit depuis un demi-siècle, sont bien mis en valeur dans ce panorama de la création artistique. Côté culinaire, les deux wilayas ont présenté ce qu'elles avaient de plus typique dans le domaine de la cuisine avec la présentation et la dégustation de plats et de pâtisseries réputés. La soirée musicale à la salle El Mougar qui a suivi l'ouverture de ces expositions a été riche en couleurs et en animation. Des plateaux artistiques alternés ont été ainsi présentés. Le poète Meziane Dahou de Mascara a composé un texte où il loue les prouesses des deux villes, Guelma et Mascara. Ce sont surtout les deux ensembles musicaux de ces wilayas qui ont donné le plus de vie et de chaleur à cette soirée d'ouverture. L'orchestre de musique andalouse “ Rachidya ” de Mascara a soulevé l'enthousiasme du public. Cet ensemble dirigé par Bensafir Kaddour Abdelhamid et qui s'inspire de l'école andalouse d'Alger, se distingue par le talent de ses chanteurs solistes, à l'image de Soumia Kadaoui, violon, Bensafir Ala Eddine Mohamed, mandoline, Dali Amel, Kouitra et aussi du virtuose du luth, le jeune Mohamed Meddeber. La troupe des Aissaouas de Guelma a clôturé ce gala d'ouverture avec des chants religieux et de puissants rythmes qui ont levé l'ensemble du public dans une ovation remarquable. Voilà donc la nourriture artistique que l'on nous propose à coup de milliards, sans pour autant que des esprits s'éveillent ni s'éduquent.