La demande mondiale en pétrole devrait augmenter plus fortement que prévu d'ici 2015, l'offre devant également suivre ce mouvement, a estimé hier l'Agence internationale de l'énergie (AIE). En effet, selon l'AIE, la demande mondiale de pétrole devrait croître de 1,4% par an d'ici 2015 grâce à la reprise économique, mais les incertitudes qui planent sur la croissance font aussi peser des risques sur le marché du brut. Selon son rapport prospectif annuel à moyen terme, une croissance annuelle de l'économie mondiale autour de 4,4%, en ligne avec les prévisions du Fonds monétaire international (FMI), permettrait à la consommation d'augmenter de 1,2 million de barils par jour (mbj) chaque année, pour atteindre 92 mbj en 2015. L'offre mondiale de pétrole augmentera de 300.000 bpj par an à 96,5 millions de bpj d'ici à 2015, précise aussi l'AIE dans son rapport sur les marchés du gaz et du pétrole à moyen terme. "Dans les prochaines années, le marché du pétrole sera marqué par une capacité de réserve plus confortable que prévu l'an dernier et l'actuelle bulle gazière devrait se poursuivre au-delà de 2013, au moins dans certaines régions", écrit l'AIE. Mais si la reprise était handicapée, notamment par la crise de la dette européenne, et si la croissance mondiale ne dépassait pas 3% par an, la demande en pétrole n'augmenterait alors que de 1% chaque année (840.000 barils par jour) et n'atteindrait que 90 mbj en 2015. La croissance de la consommation mondiale de brut sera tirée par les pays émergents, notamment par l'Asie et encore plus particulièrement par la Chine. La demande des pays riches de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) a atteint son apogée en 2005 et devrait chuter de 300'000 à 400'000 barils par jour chaque année d'ici 2015. A ce moment-là, la demande hors OCDE atteindrait alors 52% de la consommation mondiale, selon l'AIE, qui représente les intérêts des pays industrialisés. Selon le rapport, la relative stabilité des prix de l'or noir, inscrits au cours de l'année écoulée dans la "fourchette préférée" des producteurs (entre 65 et 85 dollars le baril), prévaut "au moins pour l'instant". "Mais les inquiétudes sur le retour à un marché plus volatil demeurent", prévient l'agence, dont le siège est à Paris. La production de pétrole a mieux résisté que prévu à la récession. L'AIE revoit à la hausse ses prévisions de production mondiale de 0,3 mbj par an. La capacité de production mondiale devrait ainsi passer de 91 mbj en 2009 à 96,5 mbj en 2015. "Les capacités excédentaires de production de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) devraient repartir à la baisse dès l'an prochain", estime toutefois l'agence. Même si elles pourraient s'établir autour de 3,5 mbj en 2015, soit un niveau plus "confortable" qu'entre 2002 et 2008, ce déclin risque de ramener un peu de nervosité sur le marché de l'or noir. "Le problème n'est pas d'épuiser les ressources, mais plutôt la capacité de l'industrie gazière et pétrolière de réagir rapidement avec des investissements adéquats", écrivent les auteurs du rapport. Concernant le marché du gaz, l'AIE prévoit que la demande de l'OCDE ne retrouvera qu'en 2012 son niveau de 2008. Plusieurs incertitudes planent sur ces prévisions, selon le rapport: une future régulation plus contraignante des marchés des matières premières, mais aussi des règles de production plus strictes après la marée noire dans le golfe du Mexique. Sur le front macroéconomique, outre la crise de l'euro, "des questions persistent aussi sur l'impact du retrait des mesures de relance et une surchauffe de l'économie chinoise". Notons que les contrats à terme sur le pétrole brut sont en léger repli mercredi avant la publication, à 16h30, du rapport hebdomadaire sur les stocks pétroliers des Etats-Unis. Les chiffres publiés mardi par l'American Petroleum Institute, qui ont montré une hausse des stocks de brut, d'essence et de distillats, pèsent sur le moral des acteurs du marché. "Les chiffres de l'API suggèrent que les données officielles qui seront publiées par le département de l'Energie [...] sont susceptibles de réserver une mauvaise surprise", commente Eugen Weinberg, responsable de la recherche sur les matières premières chez Commerzbank. Les analystes interrogés par Dow Jones Newswires s'attendent à ce que les stocks de brut des Etats-Unis aient diminué de 1 million de barils lors de la semaine qui s'est terminée le 18 juin, et à ce que les stocks d'essence et de distillats aient augmenté de 300.000 et 1,2 million de barils, respectivement. A 12h58, le contrat d'août sur le Brent cédait 27 cents à l'ICE de Londres, à 77,77 dollars le baril, tandis que le contrat d'août sur le West Texas Intermediate coté au Nymex fléchissait de 29 cents, à 77,56 dollars le baril. Les prix du pétrole évoluent dans une fourchette étroite depuis le milieu de la semaine dernière.