Les marchés de pétrole et de gaz commencent à montrer des signes de rétablissement, mais l'impact de la récession diffère d'une région à une autre, et les perspectives demeurent fluctuantes». Le Directeur exécutif de l'Agence internationale de l'énergie (AIE), Nobuo Tanaka, a ainsi essayé de résumer en quelques mots la situation qui prévaut sur les marchés de l'Energie et leur impact sur l'Economie mondiale à l'heure de la reprise. L'Agence a rendu publiques mercredi dernier les conclusions d'un rapport de ses experts pour l'année en cours, mais aussi à moyen terme, c'est-à-dire d'ici 2015. Ainsi d'après le document de l'AIE dévoilé à Paris, qui abrite le siège de l'Agence, la demande mondiale de pétrole devrait croître de 1,2 million de barils par jour (mbj) chaque année, pour atteindre 92 mbj en 2015, soit une hausse de 1,4%, et ce, grâce à la reprise économique. L'Agence note, cependant que les incertitudes qui planent sur la croissance font aussi peser des risques sur le marché du brut. Selon ce rapport (annuel) à moyen terme, une croissance annuelle de l'Economie mondiale autour de 4,4%, en ligne avec les prévisions du Fonds monétaire international (FMI), permettrait à la consommation d'augmenter de 1,2 million de barils par jour (mbj) chaque année, pour atteindre 92 mbj en 2015. Les rédacteurs du rapport préfèrent toutefois modérer leurs prévisions, en raison notamment de l'instabilité qui caractérise les marchés. En effet, insistent-ils, si la reprise était handicapée, notamment par la crise de la dette européenne, et si la croissance mondiale ne dépassait pas 3% par an, la demande de pétrole n'augmenterait alors que de 1% chaque année (840.000 barils par jour) et n'atteindrait que 90 mbj en 2015. La relative stabilité des prix de l'or noir, inscrits au cours de l'année écoulée dans la «fourchette préférée» des producteurs (entre 65 et 85 dollars le baril), prévaut «au moins pour l'instant», relève l'AIE qui met en garde cependant car «les inquiétudes sur le retour à un marché plus volatil demeurent». Commentant le rapport, le Directeur exécutif de l'AIE explique : «En pétrole et gaz, nous voyons une dichotomie notable entre les marchés n'appartenant pas à l'OCDE et ceux de l'OCDE, avec la croissance forte de la Chine, de l'Inde et du Moyen-Orient, comparée à une demande plus faible ou plate ailleurs, particulièrement dans l'Economie européenne fragile. Ces tendances contrastantes opacifient des efforts de prévoir comment les marchés de pétrole et de gaz se développeront en moyen terme ». Mais, ce qui est clair, selon M. Tanaka, «est que tous les deux auront besoin de plus d'investissement, de plus grand foyer sur l'efficacité énergétique». Concernant la production de pétrole, le rapport estime qu'elle a mieux résisté que prévu à la récession. L'AIE revoit d'ailleurs à la hausse ses prévisions de production mondiale de 0,3 mbj par an. «Les capacités excédentaires de production de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) devraient repartir à la baisse dès l'an prochain», relève toutefois l'Agence. Même si elles pourraient s'établir autour de 3,5 mbj en 2015, soit un niveau plus «confortable» qu'entre 2002 et 2008, ce déclin risque de ramener un peu de nervosité sur le marché de l'or noir. Pour ce qui est du marché du gaz, l'AIE prévoit que la demande de l'OCDE ne retrouvera qu'en 2012 son niveau de 2008. Plusieurs incertitudes planent sur ces prévisions, selon le rapport: une future régulation plus contraignante des marchés des matières premières, mais aussi des règles de production plus strictes après la marée noire dans le Golfe du Mexique. Au volet macroéconomique, outre la crise de l'euro, «des questions persistent aussi sur l'impact du retrait des mesures de relance et une surchauffe de l'économie chinoise », souligne le rapport.