La communauté universitaire algérienne vient de lancer une pétition pour dénoncer les nouvelles mesures limitant le déplacement des chercheurs et des universitaires à l'étranger et imposant l'accord du ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique (MESRS) avant toute participation à un colloque ou à une rencontre à l'extérieur du pays. En effet, il a été précisé, dans cette pétition, que le motif invoqué est que la participation de chercheurs à de telles rencontres a souvent des conséquences négatives sur la coordination de la position de notre pays et qu'il est dommageable pour la cohérence de l'action internationale de l'Etat et de ses activités diplomatiques. Par ailleurs, il a été indiqué dans une circulaire datée de fin mai 2010, que le secrétaire général du MESRS a donné ordre aux responsables des universités d'informer le ministère sur les cas de participation à des manifestations pouvant revêtir un caractère sensible, afin de se prononcer sur l'opportunité et d'organiser la concertation avec le ministère des Affaires étrangères. En outre, le même responsable a évoqué, dans sa circulaire, l'existence de lobbies qui organisent ces manifestations sans préciser leur identité. A cet effet, il a été mentionné, dans cette pétition, que cela peut amener les participants, à travers des pétitions et des motions, à prendre des positions contraires aux intérêts nationaux. Par ailleurs, le Conseil national des enseignants du supérieur (Cnes) a dénoncé cette mesure, et la qualifiant de pénalisante. Pour rappel, il a été indiqué, dans un document rendu public il y a de cela quatre jours, que le Cnes regrette cette mesure restrictive qui ne peut être considérée que pénalisante et portant atteinte à toute la communauté universitaire et n'arrangeant guère la promotion de la recherche scientifique en Algérie. Tout en soulignant au passage que la communauté universitaire ne veut absolument pas être associée à cette dérive scientifique qui va à l'encontre de la promulgation du statut particulier de l'enseignant-chercheur et de la loi sur la recherche. Selon les syndicalistes, depuis que l'université existe, les chercheurs et universitaires sont amenés à participer à des colloques et débats pour au moins discuter de leurs travaux scientifiques. Les auteurs de cette pétition ont estimé que "la généralisation des mesures de rétorsion à toute la recherche en sciences humaines et sociales est une atteinte intolérable aux lois et règlements qui régissent le corps des enseignants du supérieur et les chercheurs rattachés aux centres et instituts dépendant du MESRS". Il s'agit là, selon leur point de vue, d'une remise en cause des libertés académiques et d'une atteinte à la liberté de recherche consacrée par la charte de l'Unesco ainsi que la déclaration mondiale sur l'enseignement supérieur pour le 20ème siècle de l'année 1998. " Les travaux académiques et de recherche des historiens, des sociologues, des psychologues, des philosophes et de tous les enseignants-chercheurs de l'université, toutes disciplines confondues, n'ont besoin d'aucun ukase, ni d'aucune autorisation venant de vigiles de la pensée unique", ont-ils relevé. Pour sa part, le Directeur de la coopération et des échanges Universitaires au MESRS, M. Arezki Saïdani, a déclaré qu'il n'existait aucun obstacle devant le déplacement des universitaires à l'étranger. A ce propos, il a insisté, en marge d'une conférence de presse au siège du ministère, que "les chercheurs ont toute la liberté de voyager mais doivent avoir un dossier au niveau du conseil scientifique de l'université ". Selon lui, les universitaires ont bénéficié de 25 000 bourses et de 1 000 stages, dans 65 pays.