Les cours du pétrole étaient en baisse hier, et s'apprêtent à enregistrer leur première baisse trimestrielle depuis 2008, l'aversion au risque suscitée par la crise de la dette européenne ayant éclipsé les effets de la hausse de la demande aux états-Unis et en Chine. "Le marché veut simplement aller plus haut et puis il y a de mauvaises nouvelles et le marché redescend. La prime pour (l'ouragan) Alex s'est évaporée, alors je ne serais pas surpris que les prix repartent à la baisse. Ils pourraient être vraiment proches du seuil de résistance à 75 dollars." L'or noir a toutefois réduit ses pertes à la faveur du renforcement de la tempête tropical Alex, désormais considérée comme un ouragan et qui a provoqué la suspension d'un quart de la production pétrolière américaine dans le golfe du Mexique. Les cours ont également bénéficié du rapport de l'Institut américain du pétrole (API) annonçant une baisse de 3,4 millions de barils des stocks de brut aux Etats-Unis la semaine au 25 juin contre un repli de 900 000 barils, attendu par les analystes. Vers 13h10 GMT (15h10 HEC), sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de "light sweet crude" pour livraison en août s'échangeait à 75,80 dollars, en recul de 14 cents par rapport à la veille. "C'est un début de journée mitigé, avec beaucoup d'indicateurs", a observé Tom Bentz, de BNP Paribas. Mais l'American Petroleum Institue, qui représente l'industrie et compile ses propres statistiques, a estimé, mardi soir, que les stocks de brut avaient diminué de 3,5 millions de barils, une baisse de l'offre qui soutenait les prix. "Après ces chiffres positifs, le marché a essayé de se remettre" de sa chute de mardi (-2,31 dollars), a observé M. Bentz. "Mais la clôture en baisse des marchés boursiers a empêché les prix de vraiment remonter. On va voir maintenant ce que montrent les chiffres du DoE". Facteur négatif en revanche, le cabinet ADP a estimé que les créations nettes d'emplois dans le privé aux Etats-Unis avaient chuté en juin, contrairement aux attentes. La tempête tropicale Alex s'est de son côté transformée en ouragan et évoluait, mercredi, dans le golfe du Mexique, qui concentre environ 30% de la production américaine de brut, en direction des côtes du Mexique et du Texas (sud). L'ouragan devrait éviter les principales zones d'extraction d'hydrocarbures, mais certaines compagnies pétrolières ayant évacué par précaution le personnel non-essentiel de certaines plateformes, 25% de la production de brut du golfe était interrompue mardi, selon le gouvernement américain. Mardi, un cocktail de mauvaises statistiques économiques --chinoises, américaines, japonaises-- a fait plonger les marchés boursiers dans le monde entier, dopant le dollar et entraînant à la baisse l'ensemble des matières premières. Les cours du pétrole n'ont pas été épargnés : ils ont abandonné 2,31 dollars à New York et 2,15 dollars à Londres. Le marché restait, par ailleurs, attentif à la trajectoire de l'ouragan Alex, le premier de la saison. Il a pris de la force mercredi dans le golfe du Mexique et se dirigeait vers le nord-est du Mexique et l'Etat américain du Texas (sud), perturbant les opérations contre la marée noire au large de la Louisiane."Après avoir fortement fluctué durant le printemps, les prix du pétrole semblent s'être stabilisés dans la fourchette des 70-80 dollars (...) mais leur volatilité devrait augmenter fortement en raison des événements du golfe du Mexique, à la fois parce que la marée noire pourrait réduire l'offre de cette région, et parce que la saison des ouragans s'annonce très active," juge Nikolaus Keis, analyste chez UniCredit.