Trois personnes souffrant de surdité profonde ont subi samedi au service d'oto-rhino-laryngologie (ORL) du Centre hospitalo-universitaire (CHU) de Beni Messous, des opérations chirurgicales d'implants cochléaires pour recouvrer l'ouïe et la faculté de la parole. Dirigée par le professeur Jean Michel Triglia, chef de service de pédiatrie à l'hôpital de Marseille (France), la première opération a été effectuée sur une fille de deux ans et demi par l'équipe médicale du service ORL conduite par le professeur Amar Zemirli, chef de ce service à l'hôpital de Beni Messous. "L'opération est réussie à 100 %, la petite fille retrouvera l'ouïe progressivement en suivant durant six mois des exercices d'articulation afin de s'adapter à l'implant qui lui permettra de retrouver le sens qu'elle avait perdu avant sa naissance même", a indiqué Pr. Triglia. Les deux autres opérations ont été réalisées sur une adolescente de 14 ans devenue sourde en 2002 ainsi que sur un jeune de 36 ans possédant la faculté de la parole mais qui a commencé à rencontrer des difficultés pour articuler après avoir perdu le sens de l'ouïe. En cette occasion, le Pr. Zemirli a appelé à "la réouverture, au niveau des écoles paramédicales, de la spécialité des prothèses artificielles de l'ouïe". Il a, en outre, insisté sur la nécessité de "renforcer la prévention notamment pour les grossesses à risque" soulignant l'importance du diagnostic précoce de "cette maladie causée par 9 principaux facteurs dont le mariage consanguin, la méningite, la fébrilité chez les nourrissons et l'otite". Il faut dire que la surdité profonde peut également toucher les prématurés dont le poids est au dessous de la moyenne, a expliqué le Pr.Zemirli qui a ajouté à ce propos qu'un bébé sur mille nait sourd. Le P. Zemirli a estimé que la prise en charge précoce du patient par les médecins et les infirmières, au niveau des services de maternité "permettra à l'handicapé de bénéficier d'une prise en charge adéquate et l'aidera à recouvrer l'ouie et la faculté de la parole". Le chef du service ORL du CHU Mustapha pacha et superviseur du programme national de lutte contre la surdité aiguë , le PR. Djamel Djenaoui a indiqué que plus de 400 opérations ont été programmées au niveau des grands centres hospitaliers du pays durant l'année 2007. L'appareil électronique destiné au malade, qui coûte 2,5 millions de DA totalement couvert par l'Etat, permet au malade de recouvrer, dés son plus jeune âge, 90 % de son ouie, ce qui se rapproche du taux naturel de l'ouie, a t-il expliqué. Cependant, le spécialiste s'est focalisé notamment sur le diagnostic précoce de la maladie, puisque entre 500 et 600 cas de surdité aiguë sont recensés chaque année et près de 500 malades sont sur la liste d'attente au niveau du CHU Mustapha pacha. Les spécialistes estiment que l'opération d'implant cochléaire, qui vise en premier lieu à rétablir l'ouie et la faculté de la parole chez l'enfant, constitue également "le meilleur moyen de garantir l'intégration des enfants handicapés dans la société, tout en leur assurant une scolarité normale". A cet effet, l'Etat a consacré un 1 milliard de DA dans le cadre du programme national de lutte contre la surdité aiguë. Rappelons que la première opération d'implant du cochléaire électronique a été réalisée en 2003 à l'hôpital Mustapha pacha et a été suivie, par la suite, par plusieurs hôpitaux à travers le territoire national.