Daniel B. Botkin, professeur émérite de l'université de Santa Barbara en Californie, fait valoir son opinion au sujet de l'exploitation des gaz non conventionnels. Dans un article publié sur le site environment360 de l'université de Yale, il tente de démontrer la faible utilité de ces gaz naturels pour lutter contre l'effet de serre. Selon un grand nombre d'experts, les gaz non conventionnels, ou shale gas en anglais, permettraient de faire la transition entre les énergies fossiles et les énergies renouvelables. Il faudrait plutôt dire qu'ils permettraient de ne pas modifier notre mode de vie pendant quelques décennies de plus, les réserves estimées étant considérables. Mais pour le professeur Botkin, il ne faut pas se voiler la face : "Après avoir passé les dernières années à analyser toutes les sources d'énergie des Etats-Unis, je suis convaincu que le choix est clair : en se basant sur les technologies existantes, le solaire et l'éolien sont les seules alternatives qui procureraient à l'Amérique une énergie abondante et indépendante avec le minimum d'effets indésirables sur l'environnement et la santé humaine." Suivant le scientifique, la pollution des eaux entraînées par l'extraction des shale gas devrait à elle seule faire comprendre aux Etats-Unis et aux autres pays que cette alternative n'est pas la bonne. Pour Botkin, seuls les défenseurs des gaz non conventionnels pensent que l'effet de son extraction sur l'environnement est mineur. Et ce contrairement aux personnes les plus aptes à juger, celles responsables des réserves d'eau. De plus il insiste sur le fait que "la plupart des réserves de gaz non conventionnels sont enfouies si profondément que personne n'est sur de pouvoir les extraire". Les gaz de schiste arrivent sur un marché du gaz où les prix ont oscillé entre 4 $US et 6 $US le million de BTU (British Thermal Unit), qui est à 4,55 $US aujourd'hui. Ils avaient atteint les 14 $US en juillet 2008. Cette faiblesse des prix du gaz naturel a entraîné une baisse des investissements dans l'exploration. Une telle situation pourrait entraîner, selon des analystes, une pénurie de la ressource et se traduire par une augmentation des prix. Mais ce scénario risque maintenant d'être bouleversé par les gaz de schiste. Les investissements nécessaires pour les gaz de schiste sont moins élevés que pour les autres formes de combustible fossile. La technologie consiste à casser la roche qui renferme ces gaz en injectant sous très haute pression un liquide contenant des produits chimiques. Ces produits libèrent le gaz et le font remonter à la surface, puis grâce à un forage horizontal, il est récupéré. D'importantes quantités d'eau doivent également être utilisées. Les craintes en ce qui concerne l'eau sont de deux types, utilisation massive, mais aussi risque, selon certains, de contaminer la nappe phréatique. Il convient de signaler que le gaz non conventionnel représente à peine 4 % des réserves mondiales de gaz, selon les estimations de l'Agence internationale de l'énergie (AIE). Mais il a assuré 12 % des volumes produits dans le monde l'an dernier. En 2030, le gaz non conventionnel devrait représenter près de 60 % de la production américaine de gaz, contre à peine 30% en 2000, selon l'AIE. Le marché spot de GNL enregistre depuis 2009 une baisse importante des prix en raison de la hausse inattendue de la production gazière aux Etats-Unis, grand consommateur de cette énergie, favorisée par de nouvelles techniques d'extraction. À l'échelle mondiale, cette évolution fulgurante du marché américain a eu un effet spectaculaire: les États-Unis ont ravi en 2009 à la Russie la place de premier producteur mondial de gaz. Les multinationales de l'énergie ont multiplié les acquisitions dans ce domaine, pour tenter de s'emparer de cette manne. Au début du mois, le groupe britannique BG Group avait ainsi acquis 50% des activités d'exploitation de gaz de schiste du groupe américain Exco, pour 950 millions de dollars maximum.