La Grèce vient de réussir la performance de passer de la neuvième à la seconde place en un trimestre. Malheureusement, il s'agit du classement des pays les plus risqués sur le plan de la dette souveraine, selon une étude de CMA DataVision publiée lundi. En raison d'une crise budgétaire sans précédent, les marchés redoutent qu'Athènes soit dans l'incapacité de payer ses dettes malgré le plan de secours de 110 milliards d'euros accordés par l'UE et le FMI. Le coût de l'assurance contre un défaut de paiement de la Grèce a ainsi bondi de 190% au deuxième trimestre 2010: les investisseurs estiment qu'il y a aujourd'hui une probabilité de 55,6% que le pays ne puisse pas rembourser ce qu'il doit d'ici à 2015. Et les autres Etats européens ne sont pas en reste. Si la Grèce a enregistré la deuxième plus mauvaise performance, elle est suivie de près par la Belgique et l'Espagne. Le Portugal et la France occupent les quatrièmes et cinquièmes places avec une augmentation de 129,2% et 112,3% du coût de la protection sur leur dette. Le Venezuela garde cependant son rang de pays le plus risqué au monde en matière de défaillance sur les dettes. De l'autre côté du classement, la Norvège et la Finlande sont les deux pays les plus sûrs au monde en la matière. Les Etats-Unis passent de la dixième à la troisième place du classement vertueux grâce à une amélioration de la situation du crédit dans le pays. L'Allemagne, qui fait figure de référence dans la zone euro en matière budgétaire, a en revanche reculé de la troisième à la sixième place des pays les plus sûrs en ce qui concerne leur dette souveraine. Les acteurs du marché du crédit entament le second semestre avec l'espoir de voir disparaître ou au moins s'estomper l'impact négatif de la crise de la dette souveraine en zone euro, qui a très largement contribué au retour en force de l'aversion au risque au deuxième trimestre. Cette crise, qui ne semble pas avoir épuisé toutes ses réserves, a pénalisé tous les actifs risqués, à commencer par les actions qui perdent entre 7% et 19% depuis le début de l'année en Europe. Les obligations d'entreprises (crédit corporate) ont souffert aussi, les primes (spreads) s'étant sensiblement écartées. Mais elles conservent globalement une performance de 3,6% depuis le début de l'année alors que les obligations d'Etat, tous pays confondus, ont pris 2,4%. "Le deuxième trimestre de 2010 a défait le bon travail du premier trimestre en raison de l'escalade de la crise de la dette souveraine. L'aversion au risque a grimpé rapidement, tous les actifs ont souffert (...) Les spreads de crédit se sont écartés bien au-delà de leur niveau du début 2010", expliquent les stratégistes crédit de Société générale dans leur bilan trimestriel. Tirant également le bilan du trimestre, les analystes de Raiffeisen Capital Management notent que le crédit offre des "rendements indiscutablement positifs" par rapport au début de l'année. Mais ils ajoutent qu'avec la forte baisse des taux obligataires - notamment des taux allemands qui servent de référence dans la zone euro - liée à la fuite vers les titres de qualité, "le potentiel de rendement absolu est désormais très limité". "Les obligations à haut rendement (high yield bonds), aux fondamentaux positifs, semblent plus attractives", disent-ils. Groupama Asset Management qui, comme Société générale, prévoit un ralentissement de l'économie, privilégie le crédit Investment grade et une approche "stock picking" pour le high yield. Amundi Asset Management, un des leaders européens de la gestion d'actifs, qui est plus optimiste sur la croissance mondiale, privilégie aussi le crédit. Le crise souveraine a quasiment fermé le marché secondaire du crédit. Le marché primaire, qui avait démarré sur les chapeaux de roue en janvier sous la conduite des financières, a été quasi inexistant à partir de la mi-avril mais a donné quelques signes de sortie de léthargie. "Le marché récupère doucement maintenant et les spreads s'améliorent. Nous pensons que les émissions souveraines auront un impact réduit sur le marché et que les spreads seront plus resserrés en fin d'année par rapport à leurs niveaux de début d'année", estiment les stratégistes de Société générale. Au terme d'un trimestre peu actif sur le marché primaire, ils revoient en baisse sensible leurs prévisions d'émissions d'obligations privées pour prendre aussi en compte la faible activité traditionnelle au troisième trimestre. Ils tablent désormais sur 110 milliards d'émissions corporate non financières en 2010, soit 55% de moins qu'en 2009 qui fut une année record où les entreprises, confrontées au resserrement des conditions du crédit bancaire du fait de la crise financière, ont fait appel au marché pour rétablir leurs bilans. Elles n'ont plus besoin de faire autant appel au marché compte tenu des faibles dépenses d'investissement, d'une inexistence des fusions-acquisitions et de la poursuite de l'amélioration de trésoreries déjà abondantes. Société générale ramène ses prévisions d'émission de dette senior des entreprises financières de 200 à 150 milliards d'euros pour 2010, contre 152 milliards en 2009. Pour les émissions de dette subordonnée, la prévision est ramenée de 33 à 20 milliards d'euros, contre 17 milliards en 2009.