La monnaie unique européenne traverse actuellement la phase la plus difficile depuis sa création il y a une dizaine d'années et il est essentiel que la Grèce s'attaque à l'origine de ses problèmes pour rétablir la confiance, a estimé la chancelière allemande Angela Merkel. Dans une interview accordée dimanche à la télévision allemande ARD, elle a par ailleurs souligné qu'aucune décision n'avait été prise pour le moment concernant le déblocage d'une aide financière pour la Grèce, confrontée à une forte hausse de sa dette et de ses déficits. "L'euro traverse certainement la phase la plus difficile depuis sa création", a déclaré la dirigeante allemande dans une interview qui doit être diffusée dans le courant de la journée. "Et c'est la raison pour laquelle il est si important que nous soyons conscients du fait que, d'une part il s'agit de notre devise commune, et d'autre part, qu'il est nécessaire de véritablement s'attaquer à la cause des problème à leurs racines", a-t-elle dit. Notons que l'euro se stabilisait face au dollar hier matin, soutenu par un timide regain de confiance sur l'économie mondiale après un indicateur industriel chinois, et surtout par l'espoir que Paris et Berlin aident la Grèce à faire face à ses dettes. Vers 10H00 GMT (11H00 HEC), l'euro était stable à 1,3625 dollar contre 1,3626 dollar vendredi vers 22H00 GMT. L'euro grimpait par rapport au yen à 121,63 yens contre 121,03 yens vendredi soir. Le dollar montait lui aussi face au yen à 89,27 yens contre 88,81 yens vendredi soir. L'euro est remonté dans la foulée d'un indicateur chinois encourageant, qui semblait mettre un peu en sourdine les inquiétudes sur la solidité de la reprise mondiale. L'activité manufacturière en Chine a continué de progresser en février, mais à un rythme moins soutenu que les mois précédents, selon l'indice des directeurs d'achat (PMI) officiel chinois et celui de la banque HSBC établi par la société Markit, publiés lundi. L'appétit des investisseurs pour les actifs risqués, dont l'euro et les marchés d'actions, qui grimpaient de concert vers 10H00 GMT, semblait encouragé par ces chiffres, bien qu'ils "suggèrent que l'économie chinoise perd un peu du fort élan" observé auparavant, soulignait Mitul Kotecha, économiste chez Crédit Agricole CIB. Pénalisé depuis le début de l'année par la crise budgétaire de la Grèce, l'euro profitait en outre de l'espoir d'une possible garantie allemande et française sur les nouveaux bons du trésor émis par la Grèce. "Il est assez probable que l'euro grimpe une fois que les détails du plan (d'aide) seront confirmés", commente Michael Hart, économiste chez Citi, rappelant toutefois que "pour l'instant, le soutien européen se trouve à un stade où il n'est disponible +qu'en cas de nécessité+". Le véritable test sera cependant le lancement par la Grèce d'une nouvelle émission obligataire à 10 ans pour un montant de cinq milliards d'euros, attendu cette semaine, estime John Kyriakopoulos, stratège chez NAB Capital. Vendredi, les investisseurs s'étaient détournés du dollar, valeur refuge peu rémunératrice, après des indicateurs meilleurs que prévu aux Etats-Unis: une révision à la hausse du PIB américain au quatrième trimestre, à 5,9% en rythme annuel, ainsi qu'une accélération de l'activité économique de la région de Chicago. Notant que les investisseurs avaient récemment montré une propension un peu plus grande à prendre des risques, M. Kotecha rappelait néanmoins que cette légère amélioration restait fragile et que le marché restait exposé "à de nouvelles déceptions". Au Royaume-Uni, la livre sterling a atteint son plus bas niveau en neuf mois face au dollar, malgré la révision à la hausse de la croissance du PIB du quatrième trimestre du Royaume-Uni, à 0,3% contre 0,1% précédemment. La livre continue à faire les frais des inquiétudes des investisseurs sur l'état des finances publiques du pays et sur les perspectives de croissance pour 2010, estiment des cambistes.