Un mois après la crise dans le sud du Kirghizistan, le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (UNHCR) a estimé vendredi que quelque 75.000 personnes y étaient toujours déplacées. "Des milliers de personnes continuent d'être affectées par une situation sécuritaire instable, des problèmes survenant après la perte de documents personnels et une pénurie d'hébergement", a déploré une porte-parole du HCR, Melissa Fleming, lors d'une conférence de presse à Genève. A Och et Jalal-Abad, la situation est calme, mais on compte toutefois un grand nombre de barrages de police et des couvre-feux sont observés la nuit dans les deux villes. Cela présente à son tour des difficultés pour les personnes ayant perdu leurs documents d'identité et il y a de fréquentes allégations de harcèlement policier. Ces dernières semaines, le HCR et ses partenaires ont mené des évaluations et des études sur les hébergements, en interviewant des milliers de personnes. Au sommet de la crise, l'agence onusienne estimait que 400.000 personnes étaient affectées. Aujourd'hui, le nombre de personnes déplacées nécessitant toujours de l'aide s'élève à 75.000, cela inclut les personnes qui ont peur de rentrer ou qui ne peuvent le faire car leur maison a été détruite. Le HCR et les organisations non gouvernementales partenaires visitent des communautés pour conseiller les personnes sur leurs droits et sur les procédures visant à obtenir de nouveaux documents d'identité. "Nous discutons également avec le Bureau national d'enregistrement sur des moyens de renforcer les capacités pour la délivrance de documents d'identité ainsi que de créer des équipes mobiles pour se rendre auprès des communautés affectées", a dit la porte-parole. Avec des besoins en hébergement, la plupart des personnes déplacées espèrent réhabiliter leur propre maison. Des compétences existent au sein de la communauté pour procéder à ces réparations, mais la quantité de travail est importante et une assistance de la part du gouvernement et de la communauté internationale est vitale, selon le HCR. Le HCR a convenu avec les autorités de commencer immédiatement la réhabilitation et la reconstruction de quelque 550 maisons, dont 500 à Jalal-Abad et 50 dans les districts de Madi et d'Aravam dans la province d'Och. Le HCR finance la construction de deux pièces chauffées de plus de 50 mètres carrés pour les familles dont les maisons ont été récemment endommagées ou détruites. L'objectif est d'achever ce travail avant l'arrivée de l'hiver. Il est à rappeler que Le Kirghizistan reste un pays assez pauvre, dont l'économie est essentiellement tournée vers l'agriculture. Juste avant la chute de l'URSS en 1991, 98 % des exportations du Kirghizistan étaient destinées à l'Union soviétique; l'effondrement de cette dernière a considérablement ralenti la production du pays au début des années 1990. Des réformes importantes furent entreprises qui ont certes permis d'améliorer la performance économique du pays au cours des dernières années (le Kirghizistan fut la première république de l'ancien bloc soviétique à être admise à l'Organisation mondiale du commerce en décembre 1998), mais ses revenus ne sont toujours pas constants et la pauvreté reste très présente. L'agriculture est le principal secteur d'activité du pays, employant en 2002 la moitié de la population et produisant 35,6 % du PIB. Le Kirghizistan est montagneux et convient à l'élevage du bétail, la principale activité agricole. Les cultures dominantes incluent le blé, le sucre de betterave, le coton, le tabac, les légumes et les fruits; dans une moindre mesure, la laine, la viande et les laitages. Le Kirghizistan exporte principalement des métaux non-ferreux et des minéraux, des produits manufacturés en laine et agricoles, de l'énergie électrique et quelques autres marchandises. La première source de devise est la production d'or de la mine kirghizo-canadienne de Kumtor, dont l'activité représente environ 10% du PIB. Ses importations comportent du pétrole, du gaz naturel, des métaux ferreux, des produits chimiques, la plupart de ses outils et machines, du bois, du papier, un peu de produits alimentaires et des matériaux de construction. Ses partenaires commerciaux principaux sont la Chine, la Russie, le Kazakhstan, les États-Unis, l'Ouzbékistan et l'Allemagne.