Synthèse de Lyes Menacer Les violences qui ont touché le Kirghizstan suite au soulèvement populaire d'avril dernier qui a renversé le président Kourmanbek Bakiev, en exil au Kazakhstan, ont eu de fâcheuses conséquences humanitaires sur les populations du sud du pays. Et la situation risquerait de s'aggraver, ont alerté plusieurs organismes humanitaires. Hier encore, l'Organisation mondiale de la santé a affirmé travailler sur «un scénario d'un million de personnes, dont 300 000 réfugiés, affectées directement ou indirectement» par les violences qui ont fait une centaine de morts et environ 2 000 blessés. Les chiffres avancés constituent «le pire scénario», a indiqué M. Giuseppe Annunziata, coordonnateur du programme d'aide d'urgence de l'OMS. «On estime qu'il nous faudra probablement répondre aux besoins de plus d'un million de personnes : des déplacés, des réfugiés, ainsi que les familles hôtes», a confirmé une porte-parole du Fonds des Nations unies pour l'enfance (Unicef), Christiane Berthiaume. «Au Kirghizstan, la zone de conflit n'est pas complètement accessible», a indiqué le responsable de l'OMS. «Il faut prendre ces chiffres avec une certaine prudence car la situation est encore en train d'évoluer.» Dans l'immédiat, le Haut-Commissariat de l'ONU pour les réfugiés estime que 300 000 personnes sont déplacées et que 100 000 ont trouvé refuge en Ouzbékistan. «Malheureusement, des atrocités ont été signalées visant la minorité ouzbèke au Kirghizstan. Des femmes ont été victimes de violences sexuelles. Nous avons des informations non encore confirmées venant de plusieurs sources faisant état de viols. Des dizaines de femmes réfugiées en Ouzbékistan auraient aussi été violées», selon le responsable de l'OMS. «En Ouzbékistan, 90% des personnes déplacées sont des femmes et des enfants. Ils sont en très mauvaise condition psychologique et ont besoin d'aide immédiate. Beaucoup ont été témoins ou ont subi des actes de violence. Il y a des milliers de familles qui ont été séparées, il faut les réunir», a insisté Mme Berthiaume. «La tension est toujours très vive. Il y a encore beaucoup de violences sporadiques, beaucoup d'agressions. La situation est très instable», a indiqué de son côté la porte-parole du Bureau de coordination des affaires humanitaires de l'ONU, Elisabeth Byrs. Le HCR juge aussi la situation «instable et tendue dans le sud du Kirghizstan» et s'apprête à envoyer à Och 80 tonnes d'aide humanitaire.