L'Irlande a mené avec succès son placement obligataire mardi, malgré l'abaissement de sa note, tandis que la Grèce et l'Espagne réussissaient à placer leur papier à court terme, preuve d'un regain de demande pour le papier obligataire des pays "périphériques" de la zone euro jugés les plus fragiles. Les primes proposées restent toutefois élevées. Ainsi, la Grèce et l'Irlande ont dû offrir des rendements plus élevés que lors de leurs précédentes adjudications. "La chose la plus importante, comme nous l'avons vu la semaine dernière avec l'Espagne, est que les pays périphériques n'ont pas de difficulté à lever des fonds sur les marchés", résume Oliver Mangan, spécialisé dans les obligations chez AIB Global Treasury à Dublin. Ainsi, l'Espagne, qui avait émis la semaine dernière trois milliards d'euros de papier à 15 ans, a placé sans problème 5,97 milliards d'euros à 12 et 18 mois, dans le haut de sa fourchette. La semaine dernière, des émissions de la Grèce, du Portugal et de l'Italie avaient été également bien accueillies par le marché. Selon le ministre de l'Economie Elena Salgado, le succès de ces placements est un signe de retour de la confiance sur les marchés avant la publication vendredi des résultats des stress tests bancaires. L'Europe est en train d'étudier comment 91 banques de 20 pays réagiraient face à une nouvelle crise économique et financière avec notamment des pertes importantes sur leurs avoirs en emprunts d'Etat. Les résultats seront publiés vendredi après la clôture de marchés. Il s'agit de redonner confiance aux marchés après le choc de la crise grecque et les craintes d'éclatement de la zone euro. Hors de la zone euro en revanche, la Hongrie a dû réduire les sommes qu'elle comptait emprunter après la suspension de ses discussions avec le Fonds monétaire international. L'Irlande a placé pour 1,5 milliard d'euros de papier long terme mardi malgré l'abaissement lundi de sa note par l'agence américaine Moody's. Avec 90% de ses émissions obligataires déjà faites pour cette année, l'Eire est également bien placée pour se préfinancer pour l'an prochain. L'Irlande souhaite avoir ses cinq milliards d'euros de dette venant à échéance l'an prochain déjà refinancés en commençant l'année 2011. L'écart de rendement entre le papier irlandais à dix ans par rapport au Bund allemand de même échéance est resté stable à 284 points de base après l'émission, tandis que l'écart entre le rendement du papier espagnol et celui du Bund se réduisait, revenant à 165 points de base, contre 167 points lundi à la clôture. Le rendement moyen de l'émission espagnole à 12 mois a reculé à 2,221%, contre 2,303% lors de l'opération précédente le 15 juin. Le rendement de l'émission à 18 mois est revenu à 2,331% contre 2,837% la dernière fois. Le spread équivalent pour le papier à 13 semaines émis par la Grèce est ressorti à 793 points de base, contre 796 points lundi en clôture. Il s'agit du deuxième test passé avec succès pour la Grèce depuis le plan de sauvetage d'urgence mis au point par le Fonds monétaire international et l'Union européenne au mois de mai. La Grèce a dû toutefois faire en sorte d'offrir un rendement de 4,05%, contre 3,65% lors de l'émission du 20 avril et l'offre a été couverte 3,85 fois par la demande, contre 4,61 fois en avril. Le coût d'emprunt de la Grèce reste néanmoins inférieur au taux de 5% que la Grèce doit payer pour emprunter dans le cadre du plan FMI/Union européenne de 110 milliards d'euros. Après des mois de graves turbulences financières, "la situation est en voie de normalisation", affirme au Monde le Luxembourgeois Jean-Claude Juncker, président de l'Eurogroupe, l'instance qui réunit les seize ministres des finances de la zone. M. Juncker en veut pour preuve les signaux encourageants qui se sont multipliés ces derniers jours, avec le succès d'une série d'émissions d'obligations à risque. "Les marchés sont plus rationnels ; ils réalisent que la démarche de l'Union européenne, du FMI et de la Grèce est crédible", estime Jean-Claude Juncker. D'abord parce qu'Athènes applique "au millimètre près" sa cure d'amaigrissement, indique le patron de l'Eurogroupe. Selon la Commission européenne, la Grèce a réduit presque de moitié son déficit public au premier semestre. Surtout, le mécanisme de stabilisation de la zone euro, accouché dans la douleur, est maintenant fin prêt. Doté de 440 milliards d'euros de garanties, ce fonds d'urgence destiné à soutenir tout Etat membre en difficulté devrait être opérationnel "d'ici la fin du mois", indique M. Juncker. Même la Slovaquie, longtemps réticente, a finalement donné son aval.