La crainte d'un effet domino des problèmes de dette de la Grèce ne pénalisera pas seulement l'euro. Certains investisseurs semblent déjà vouloir se désengager des actifs risqués en général, ce qui devrait peser sur les devises des marchés émergents et celles liées aux matières premières. Si la Grèce a demandé l'activation du plan de sauvetage de l'Union européenne et du Fonds monétaire international la semaine dernière, rien n'indique que les problèmes de dette du pays seront bientôt réglés. Athènes n'a pas encore reçu de réponse à sa demande, et pourrait avoir entre-temps besoin de financements à court terme. L'Allemagne rechigne en outre à apporter son aide. Certains observateurs estiment par ailleurs que l'aide prévue pour la Grèce sera non seulement inadaptée au vu de la récente révision de son déficit public, mais se traduira également, pour certains pays de la zone euro, par des difficultés supplémentaires pour rembourser leurs propres dettes. L'euro poursuivait sa baisse face au dollar hier, repassant même brièvement sous 1,33 dollar, pénalisé par des incertitudes persistantes sur la mise en place du plan d'aide financière à la Grèce et sur la capacité du pays à gérer une crise budgétaire sans précédent. Vers 13H00 GMT (15H00 HEC), l'euro valait 1,3345 dollar contre 1,3384 dollar vendredi soir vers 21H00 GMT. L'euro se stabilisait face au yen à 125,69 yens contre 125,68 yens vendredi soir. Le dollar était en hausse face au yen à 94,18 yens contre 93,97 yens vendredi soir. "L'euro s'est redressé vendredi de son plus bas niveau (en un an) à la suite de la demande de la Grèce d'une aide pour gérer sa crise budgétaire", commentait Michael Hewson, analyste chez CMC Markets. La Grèce a formellement demandé vendredi l'activation d'un plan d'aide conjoint de la zone euro et du Fonds monétaire international (FMI) afin de combler les besoins de financement du pays. "Cependant, le sentiment de soulagement a été tempéré par l'Allemagne qui a insisté sur le fait que toute aide doit être conditionnée à de nouvelles mesures d'austérité", expliquait l'analyste. De son côté, le ministre italien des Affaires étrangères, Franco Frattini, s'est dit "préoccupé" par "la rigidité" dont fait preuve Berlin, selon lui, vis-à-vis de la Grèce. La division européenne pèse sur le rendement des obligations grecques à 10 ans qui a dépassé lundi le seuil de 9% pour la première fois depuis l'entrée du pays dans la zone euro en 2001. De plus, "le plan de sauvetage, s'il est approuvé, sera composé de prêts accordés par les pays membres de l'euro zone en fonction de leur contribution à l'Union Européenne (UE), ce qui veut dire que l'Irlande, le Portugal et l'Espagne vont devoir trouver de l'argent qu'ils n'ont pas pour sauver un pays qui a donné une image inexacte de la taille de son déficit", expliquait M. Hewson. Cette situation renforce les craintes des cambistes de voir la crise grecque s'étendre à d'autres pays du sud de la zone euro dont la santé budgétaire inquiète, comme le Portugal, l'Espagne et l'Italie, mais aussi à l'Irlande. Ainsi, le marché demeure sceptique, et la tentation de vendre l'euro dès qu'il se renforce un peu va rester dominante, notait Daragh Maher, analyste chez Crédit Agricole CIB. En plus des rebondissements sur la Grèce, la semaine sera marquée par la réunion du Comité de politique monétaire de la Fed, qui débutera mardi et s'achèvera mercredi. Vers 13H00 GMT, la livre gagnait du terrain face à l'euro, à 86,20 pence pour un euro, comme face au dollar à 1,5480 dollar. La monnaie helvétique était en légère hausse face à l'euro, à 1,4343 franc suisse pour un euro, mais baissait face au dollar à 1,0749 franc suisse pour un dollar.