La Bourse de Madrid est en net recul mardi en raison des craintes de voir l'Espagne affectée à son tour par les préoccupations liées aux dettes souveraines des pays périphériques de la zone euro. A 10h30 GMT, l'indice Ibex abandonnait 2,8% alors que le FTSEurofirst 300 paneuropéen cédait un peu moins de 1,2%. Les valeurs bancaires figuraient parmi les plus touchées, Santander et BBVA, les deux premières banques du pays, perdant chacune environ 4%. "La véritable raison de la baisse d'aujourd'hui, ce sont les préoccupations concernant la solvabilité souveraine d'autres (pays de la zone euro) qui ne seront pas aidés par l'aide à la Grèce parce que celle-ci constitue une solution à court terme", a commenté Nicolas Lopez, responsable chez M&G Valores. "Reste à savoir ce qui se passera à plus long terme, et cela perturbe un certain nombre de marchés." L'agence de notation Fitch Ratings a réaffirmé mardi la note "triple A" qu'il attribue à la dette souveraine de l'Espagne, avec une perspective stable. "C'est notre note en ce qui les concerne, avec tout ce que cela implique", a déclaré un porte-parole de Fitch à Londres. La semaine dernière, Standard & Poor's a abaissé d'un échelon sa note attachée à la dette souveraine de l'Espagne, la ramenant à AA contre AA+, en expliquant qu'une période plus longue que prévue de croissance faible menaçait de saper les efforts de réduction des déficits de Madrid. La crainte d'une contagion de la crise de la dette grecque à d'autres pays périphériques de la zone euro se traduit par une hausse significative de la prime demandée par les investisseurs pour détenir des emprunts de ces Etats et par le renchérissement de l'assurance contre un défaut de ces pays. L'écart entre le rendement de l'emprunt portugais à 10 ans et celui de l'emprunt allemand de même échéance s'est accru à 243 points de base, contre 218 pdb en début de séance. Pour l'Espagne, l'écart est passé à 110 points de base, contre 99, et pour l'Italie, il est passé à 103 pdb contre 94. Sur le marché des dérivés de crédit, les CDS (credit default swaps) à 5 ans de la Grèce s'inscrivaient à 674,9 points de base, contre 646,5 pdb lundi soir à New York, selon CMA Datavision qui suit ce marché. Les CDS du Portugal atteignaient 281,8 points de base contre 275,3 pdb, et ceux de l'Espagne 166,4 pdb contre 157,7. Notons par ailleurs, que le déficit public de la zone euro a atteint 6,3% de son Produit intérieur brut (PIB) en 2009, contre 2% en 2008, selon les chiffres communiqués jeudi par l'agence européenne de la statistique, Eurostat. En Grèce, la situation est pire que prévue, avec un déficit égal à 13,6% du PIB (contre des prévisions de 12,9%), alors que les fonctionnaires grecs étaient à nouveau en grève jeudi. Crise financière oblige, au-delà de la zone euro, le déficit est passé de 2,3% à 6,8% du PIB en 2009 pour l'ensemble de l'Union européenne, selon Eurostat. La dette publique a, elle, atteint 78,7% du PIB pour les 16 pays de la zone euro, contre 69,4% l'année précédente. Elle est passée de 61,6% à 73,6% pour les Vingt-Sept. Au total, "aucun Etat membre n'a enregistré un excédent public en 2009", note Eurostat dans un communiqué, précisant que "25 Etats-membres ont enregistré une détérioration de leur solde public (...) en 2009 par rapport à 2008, et deux (Estonie et Malte) une amélioration". Dans le détail, c'est l'Irlande qui affiche le plus lourd déficit de l'UE, avec un trou équivalent à 14,3% du PIB. Viennent ensuite la Grèce (13,6, le Royaume-Uni (11,5%) et l'Espagne (11,2%). En France, le déficit a atteint (7,5%). Les meilleurs élèves sont la Suède (0,5%), le Luxembourg (0,7%) et l'Estonie (1,7%), les seuls avec le Danemark (2,7%) et la Finlande (2,2%) à respecter le seuil des 3% fixé par Bruxelles. En termes de dette publique, "12 Etats membres ont affiché un ratio (...) supérieur à 60% du PIB en 2009", au premier rang desquels l'Italie (115,8, selon Eurostat. La France fait partie de ces pays, avec un ratio de 77,6%.