Le crédit documentaire (Credoc), instauré depuis juillet 2009 comme unique mode de paiement pour financer les importations, sera maintenu dans la loi de finances complémentaires (LFC) 2010 qui n'attend que son adoption. La LFC 2010, s'inscrit dans la continuité des mesures prises par les précédentes LFC, de l'avis même du ministre des Finances, M. Karim Djoudi, qui s'est exprimé avant-hier, en marge de la cérémonie de clôture de la session de printemps du Conseil de la Nation. "L'élaboration de la loi de finances complémentaire a été terminée. Cette dernière réconforte la démarche engagée par le gouvernement particulièrement à travers les LFC 2008 et 2009", a-t-il affirmé à la presse. Le grand argentier du pays est formel : le Credoc "restera le mode unique de financement des importations". Néanmoins, des assouplissements sont prévus dans la LFC 2010, dans le cadre du transfert libre de fonds. Actuellement fixé à hauteur de 150.000 dinars, le transfert libre de fonds sera revu à la hausse, a indiqué le ministre. Le gouvernement a, ainsi, plaidé le maintien de cette mesure pour soulager la facture des importations, en dépit des appels incessants des acteurs économiques nationaux à trouver des alternatives aux PME-PMI notamment, qui peinent à financer leurs activités. Il faut dire que, même si l'objectif du Credoc est la gestion rationnelle des sorties de devises en toute transparence, cette mesure, imposée depuis un an, a fait son lot de victimes. Même les entreprises publiques n'ont pas été épargnées. La dernière victime annoncée : la compagnie aérienne Air Algérie, qui, de l'avis de son président-directeur général, Abdelwahid Bouabdallah, a essuyé des pertes à cause de cette mesure. Le patronat, à travers les associations qui le compose, n'a pas exprimé franchement sa désapprobation de la mesure du Credoc qui vise à freiner l'hémorragie des devises, mais en revanche, il reproche au gouvernement de ne pas faire le distinguo entre les entreprises productrices et celles qui activent dans l'import. Selon lui, le Credoc, serait une bonne option, s'il prend en compte le paramètre de "financement de la production" en opérant un assouplissement de cette mesure quand une entreprise recourt à l'importation pour les besoins des activités productrices. Pour cette problématique, le gouvernement a, semble-t-il, offert une voie aux entreprises productrices pour contourner la mesure du crédit documentaire en les autorisant à effectuer des transactions sans passer par le Credoc, notamment en terme de transactions commerciales urgentes : l'importation des matières premières pour les besoins de leurs activités et des pièces de rechange des équipements et matériaux de production. Cette mesure, qui sera contenue dans la LFC 2010, prévoit, en effet, un relèvement du seuil du montant destiné au règlement des transactions sans l'obligation de recourir au Credoc. Il convient de souligner, par ailleurs, que depuis l'instauration du Credoc comme moyen exclusif de paiement des importations, près d'un millier d'opérateurs ont cessé leurs activités. Il s'agit en premier lieu, des importateurs d'où le qualificatif de "mesure impopulaire".