Le baril de pétrole s'échangeait nettement à plus de 80 dollars lundi pour la première fois depuis trois mois, soutenu par l'affaiblissement de la monnaie américaine. Vers 13H15 GMT, sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de "light sweet crude" pour livraison en septembre s'échangeait à 80,89 dollars, en progression 1,94 dollar par rapport à la veille. "Ce n'est pas seulement que le marché réagit à un dollar affaibli, mais à cause de toutes les discussions autour d'un retour des mesures d'assouplissement monétaire, les matières premières sont très solides", a expliqué Phil Flynn, de PFG Best Research. L'euro remontait en effet aux alentours de 1,3115 dollar au moment de l'ouverture du marché new-yorkais. Les prix du pétrole étaient donc non seulement plus attractifs pour les investisseurs munis d'autres devises, mais en plus l'idée circulant chez les investisseurs d'un assouplissement de politique monétaire, sur fond de ralentissement de la reprise aux Etats-Unis, favorisait l'achat d'actifs concrets comme les matières premières. Le marché pétrolier était également largement soutenu par la forte progression des Bourses européennes, dopées par de bons résultats d'entreprises. Wall Street était également attendue en nette hausse à l'ouverture. "Les investisseurs pensent que la Chine va ralentir ses mesures de resserrement (monétaire, prises pour éviter une surchauffe de l'économie, ndlr), ou une autre possibilité serait d'augmenter les mesures de relance", a souligné Phil Flynn, deux solutions positives pour la demande en énergie. "Les cours ne veulent tout simplement pas reculer. Pourtant, tous les facteurs identifiables semblent suggérer que les prix (du baril) devraient chuter", observaient les analystes du cabinet spécialisé Cameron Hanover. "Après, la semaine dernière, l'échec (à franchir le seuil de 80 dollars, ndlr), l'annonce de stocks plus importants que prévu aux Etats-Unis, et un Produit intérieur brut (PIB) américain décevant, nous pensions que les tendances baissières avaient tout pour l'emporter (...) tout, sauf des ordres de vente concrets", expliquaient-ils. Selon ces experts, la bonne tenue des indices boursiers et le "carry trade" (pratique spéculative par laquelle on emprunte dans des monnaies à faible rendement pour financer des investissements à risque) semblent avoir contribué à maintenir les prix du pétrole en hausse "en dépit de toute raison logique". De fait, les cours du baril avaient accusé le coup vendredi après l'annonce d'un net ralentissement de la croissance américaine au deuxième trimestre, mais s'étaient repris rapidement à l'unisson de Wall Street avant de terminer la semaine en hausse. "Le pétrole n'a jamais été autant corrélé aux marchés d'actions américains que ces derniers temps. Du coup, les investisseurs ont été visiblement surpris de la manière dont les Bourses résistaient solidement et digéraient les mauvaises nouvelles économiques", confirmaient les analystes de Commerzbank. Sur le front géopolitique, l'exacerbation des tensions entre le Venezuela, cinquième producteur au sein de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), et la Colombie étaient également de nature à conforter la progression des cours du brut. Pour Simon Denham, du courtier londonien Capital Spreads, "le brut frappe désormais à la porte (du seuil) des 80 dollars, et devrait rester soutenu si la solidité des marchés boursiers se confirme. Une fois brisé le plafond des 80 dollars, la voie sera ouverte pour une hausse et tester les 82 dollars".