Le Premier ministre russe Vladimir Poutine a annoncé jeudi que la Russie imposera une interdiction temporaire aux exportations de céréales, a rapporté l'agence de presse RIA Novosti. "En raison des températures anormalement élevées et de la sécheresse, je considère qu'il est réalisable d'imposer une interdiction temporaire aux exportations russes de céréales et d' autres produits agricoles dérivés des céréales", a annoncé M. Poutine lors d'une réunion du présidium du gouvernement. L'interdiction d'exporter des céréales sera imposée à partir du 15 août. M. Poutine a également déclaré que le gouvernement attribuera 35 milliards de roubles (environ 1,17 milliard de dollars américains) aux fermiers qui ont enregistré des pertes liées à la sécheresse. Dix milliards de roubles seront versés aux fermiers sans conditions de remboursement. Le reste sera versé dans le cadre d' un crédit privilégié de trois ans. Mercredi, le gouvernement a décidé de reporter les interventions sur le marché des céréales (à l'origine prévues le 4 août) avant la publication des nouvelles informations sur les besoins de la région. La semaine dernière, le ministère russe de l'Agriculture a revu à la baisse ses prévisions concernant les récoltes céréalières de 90 millions de tonnes à 70-75 millions de tonnes pour cette année. La Russie a exporté 20 millions de tonnes de céréales en 2009. Plus tôt cette année, les experts ont estimé que la Russie serait capable d'exporter jusqu'à 15 millions de tonnes de céréales, surtout du blé et de l'orge, en 2010. Les incendies et la sécheresse qui dévastent la Russie, causés par les records de chaleur, ont détruit 10 millions d'hectares de récoltes, soit 20 % des terres cultivées russes au total. Cette situation a d'ailleurs eu un impact considérable sur les marchés mondiaux. Ainsi, l'indice européen regroupant les valeurs du secteur agroalimentaire est l'un des rares à être en baisse, reculant de 1,64% vers 10h20 GMT alors que l'indice paneuropéen STOXX Europe 600 gagne 0,29%. "Le secteur baisse à cause des prix du blé, qui vont peser sur les marges des entreprises", a souligné un courtier. Les grands noms de l'agroalimentaire ne sont guère mieux lotis: Nesté cède 1,27%, Danone 1,27% et Unilever 1,79%. Les investisseurs craignent des tensions importantes sur les marchés des céréales au cours des mois à venir en l'absence de l'un des principaux exportateurs mondiaux. Sur une semaine, le cours du blé à Chicago enregistre un bond de 25%. A l'occasion de la publication de ses résultats trimestriels jeudi, Unilever a justement dit que le second semestre serait plus difficile en raison du coût des matières premières.