Alors que le niveau des eaux commence à baisser lentement à travers le pays, la ville de Sujawal, dans le sud du Pakistan, a été totalement envahie par les eaux hier, alors que la quasi-totalité de ses 250.000 habitants avait déjà fui, venant grossir les rangs des déplacés victimes des pires inondations de l'histoire du pays. Selon les autorités de Sujawal (150 km au sud-est de Karachi, capitale du Sindh), l'eau a déjà atteint 1,5 mètres au centre de la ville, et jusqu'à trois mètres dans les villages des environs. La montée des eaux menace aussi Thatta (350.000 habitants), cité historique et l'une des villes principales du sud de la province du Sindh et base opérationnelle pour l'organisation des secours dans la région. Les eaux de l'Indus en crue ont également inondé des secteurs de la route principale entre Sujawal et Thatta. Les secours cherchent désormais à construire des digues de fortune en trois points différents sur cette route, pour "empêcher les eaux d'atteindre Thatta", explique Hadi Baksh, responsable de la gestion des catastrophes dans le sud du Sindh. Les experts en météorologie pakistanais ont annoncé avec prudence que les prochains jours seraient placés sous le signe de l'accalmie, avec une absence de précipitations et un début de reflux des rivières et des fleuves du pays. "Nous pensons qu'il faudra entre dix et douze jours supplémentaires pour que les rivières de la province de Sindh retrouvent un niveau normal. C'est pourquoi nous nous devons de rester vigilants", a expliqué dimanche Qamar uz Zaman Chaudhry, directeur des services météorologiques du pays. Si la baisse du niveau des eaux est attendue par l'ensemble de la population comme une délivrance, il est fort probable que celle-ci s'accompagne d'une hausse significative du nombre de morts, avec la découverte des cadavres des centaines de personnes portées disparues à ce jour. Selon les chiffres officiels, les inondations ont fait jusqu'à présent plus de 1.600 morts et provoqué l'évacuation de plus de six millions d'habitants. En dépit de la baisse du niveau des eaux, les autorités pakistanaises ont expliqué dimanche qu'elles continuaient à se battre pour sauver plusieurs villes du pays encore menacées, notamment celle de Thatta, à 70 km de Karachi. Près de cette localité, le fleuve Indus est sorti de son lit et un canal de dérivation est sur le point de déborder. "Thatta sera inondée si l'eau ne reflue pas vers la mer. La situation est très critique", a expliqué à Reuters Riaz Ahmed Soomro, responsable des opérations de secours dans la province du Sindh. D'après lui, près de 95% des 300.000 habitants de la ville ont fui. "Seuls sont restés les hommes, soucieux de protéger leurs biens. Tous les enfants, les femmes et les personnes âgées ont fui Thatta", a-t-il confié. Les Nations unies ont expliqué ces derniers jours que les organisations d'aide humanitaire étaient très inquiètes quant aux risques de malnutrition et de maladies qui menacent à présent les Pakistanais. Samedi, l'Onu a tiré la sonnette d'alarme concernant les enfants, en expliquant que si rien n'était fait, 72.000 d'entre eux d'ores et déjà touchés par une malnutrition sévère dans les zones inondées pourraient mourir prochainement. Les inondations, qui ont commencé fin juillet, ont endommagé au moins 3,2 millions d'hectares, soit 14% des terres cultivées du Pakistan, selon les Nations unies. Le total des dégâts infligés à l'agriculture pourrait s'élever à 245 milliards de roupies (2,86 milliards de dollars). La croissance du pays, qui oscillait autour de 4% selon les prévisions avant les inondations, devrait être finalement comprise en zéro et 3% à la fin de l'année. Il s'agit de la pire catastrophe naturelle qui touche le Pakistan, en termes de dégâts mais aussi eu égard au nombre de personnes touchées.