Le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan a annoncé dimanche que les Turcs ont approuvé la révision de la Constitution, soumise dimanche à référendum par le gouvernement, avec 58% des voix, après le comptage de 99% des voix. "Aujourd'hui est une fête de la démocratie pour nous. Notre nation a soutenu la révision de la Constitution en recourant à leur droit de vote", a dit M. Erdogan lors d'une conférence de presse à Istanbul. Il a indiqué que les résultats du référendum ont montré la maturité démocratique du peuple turc et a marqué un échec pour les partisans du coup d'Etat miliaire. "Nous avons franchi une étape historique dans la voie de la démocratie et de la suprématie de l'Etat de droit. Aujourd'hui les camps de "oui" et de "non" ont tous gagné, les partisans du coup d'Etat ont perdu", a-t-il affirmé. Selon les résultats provisoires suite au comptage de 99,71% des voix, 58,02% des électeurs ont voté pour la révision de la Constitution contre 41,98%. M. Erdogan a dit par ailleurs que la Turquie entamera immédiatement les travaux sur une nouvelle Constitution. "Le référendum d'aujourd'hui est un petit pas et un bon départ. A partir de demain, nous commencerons à travailler sur une nouvelle Constitution", a-t-il a dit. La révision de la Constitution de 1982, adoptée sous le régime militaire, est considérée par un certain nombre de Turcs comme un vote de confiance vis-à-vis du Parti de la justice et du développement (AKP) du Premier ministre Erdogan. Ce dernier a affirmé que les amendements constitutionnels permettraient de renforcer la démocratie en Turquie et de contribuer aux efforts déployés par Ankara pour adhérer à l'Union européenne. Cependant, les opposants de M. Erdogan estiment que ce référendum n'amènera rien qu'un contrôle politique sur la justice par le Parti AKP (au pouvoir). Les amendements constitutionnels incluent des changements dans la structure du Conseil suprême des juges et des procureurs, ainsi que de la Cour constitutionnelle, plus haut organe judiciaire du pays. Néanmoins, l'adoption des réformes constitutionnelles ne devrait guère suffire à désembourber les négociations d'adhésion à l'UE que mène la Turquie. Pourtant lundi, au lendemain du référendum constitutionnel, les partisans de l'adhésion de ce pays musulman de 73 millions d'habitants sont montés au créneau, en se disant confortés dans leur attitude par les réformes constitutionnelles adoptées. L'Espagne, par la voix de son ministre des Affaires étrangères Miguel Angel Moratinos, a vu en ce référendum "un signal clair de la vocation européenne" de la Turquie. Son homologue suédois, Carl Bildt, a affirmé que "cela ouvre la porte européenne, même si cela prendra du temps d'en franchir le pas". Selon lui, Ankara "prépare désormais le terrain pour une évolution plus ouverte et démocratique du pays". Quant aux Etats-Unis, qui militent ardemment en faveur d'un ancrage du pays à l'Union européenne, ils ont salué par la voix du président Barack Obama le fort taux de participation au référendum. Le signe de "la vitalité de la démocratie turque". Même le chef de la diplomatie allemande Guido Westerwelle, qui craint une dérive du pays vers le Moyen-Orient et l'Asie, a évoqué "un pas supplémentaire important sur le chemin de la Turquie vers l'Europe". Néanmoins, la chancelière Angela Merkel reste opposée à l'adhésion de la Turquie dans l'UE. A l'instar de la France ou de l'Autriche, elle préfère l'option d'un "partenariat privilégié" avec Ankara.