L'Organisation des Nations Unies a averti ce week-end que l'insuffisance des fonds destinés à prendre les mesures convenues pour combattre la pauvreté et relever les niveaux de vie met en danger la réalisation des objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), huit objectifs convenus au niveau international visant à réduire la pauvreté, la faim, la mortalité maternelle et infantile, la maladie, les logements inadéquats, l'inégalité entre les sexes et la dégradation environnementale d'ici 2015. Alors que les dirigeants du monde s'apprêtent à se retrouver la semaine prochaine pour un sommet destiné à relancer les progrès en la matière, un nouveau rapport de l'ONU, Le Partenariat mondial pour le développement à la croisée des chemins, conclut à de sérieux déficits par rapport à ces engagements, alors que nous ne sommes qu'à cinq ans de la date butoir fixée pour la réalisation de ces objectifs. Bien que les flux d'aide aient atteint la somme inégalée de 120 milliards de dollars en 2009, l'un des problèmes les plus urgents épinglés dans le rapport réside dans le fait qu'actuellement, il manque 20 milliards de dollars par rapport au niveau d'aide annuel convenu il y a cinq ans lors du Sommet du G8. À Gleneagles, les membres du G8 s'étaient engagés à augmenter leur aide publique au développement (APD) de 50 milliards de dollars en 2010 et à doubler leur aide à l'Afrique de 25 milliards de dollars. À l'heure actuelle, le déficit de financement est de plus de 16 milliards de dollars rien que pour les engagements envers l'Afrique. Même si l'APD passe comme prévu à 126 milliards de dollars en 2010, cela ne suffira pas pour atteindre la cible convenue, ce qui veut dire que les promesses de Gleneagles ne seront vraisemblablement pas tenues d'ici la fin de l'année, date prévue pour leur expiration. C'est pourquoi le rapport demande un nouvel engagement en faveur de la cible de 0,7 pour cent du revenu national brut des pays donateurs à consacrer à l'APD, cible établie de longue date par l'ONU. Le déficit actuel par rapport à cette cible-là pourrait être comblé d'ici 2015 avec une augmentation annuelle de l'APD d'environ 35 milliards de dollars pour chacune des cinq années à venir, afin d'atteindre environ 300 milliards de dollars d'ici 2015. En outre, le rapport fait remarquer que même si la transparence s'est améliorée en matière d'aide, il est nécessaire de poursuivre les efforts de responsabilisation mutuelle afin de garantir l'efficacité de l'APD. Le rapport de l'ONU reconnaît également le rôle de plus en plus important joué par des pays qui ne sont pas des bailleurs de fonds traditionnels mais qui contribuent aux initiatives en faveur des OMD dans les pays en développement. Les gouvernements des économies en développement ou en transition rapportent avoir fourni une assistance à hauteur de 9,6 milliards de dollars en 2008, notamment par le biais de la coopération économique et financière sud-sud, la recherche de sources de financement innovantes et une collaboration pour la lutte contre la corruption et l'évasion fiscale. Bien que le commerce mondial se soit redressé depuis la crise économique et financière mondiale de 2008, on ne constate pas de réduction significative des barrières douanières imposées par les pays développés et les droits de douane restent relativement élevés pour des produits clés importés des pays en développement. Seulement 81 pour cent des exportations des pays les moins avancés, à l'exclusion des armes et du pétrole, peuvent entrer en franchise de droits sur les marchés des pays industrialisés. On est loin des promesses faites en 2005 à Hong Kong par les membres de l'OMC, qui s'étaient engagés à donner à 97 pour cent des exportations des pays les plus pauvres un accès en franchise de droits et hors quota aux marchés des pays riches. Le rapport de l'ONU exhorte donc les parties à intensifier leurs efforts pour conclure le cycle de négociations commerciales multilatérales de Doha sous l'égide de l'OMC en des termes favorables au développement, et ce dans un délai réaliste, et de veiller à ce que les pays les plus vulnérables reçoivent le soutien nécessaire pour renforcer leurs capacités commerciales. De plus, même si les subsides agricoles des pays développés ont baissé en 2008 en pourcentage du produit national brut, à 376 milliards de dollars par an, ils représentent toujours trois fois le montant actuel des flux d'APD et restent élevés en termes absolus. Cela continue de faire baisser les prix et les possibilités de revenus des agriculteurs des pays en développement, ce qui affecte la sécurité alimentaire surtout - et c'est ce qui est le plus inquiétant - dans les endroits où la faim est très répandue. Par ailleurs, un allègement de la dette à hauteur d'environ 86 milliards de dollars a été accordé à 35 des pays les plus pauvres du monde. Mais sur les 39 pays à faible revenu ou petits pays à moyen revenu qui ont été évalués, 27 sont en état de surendettement ou courent un risque élevé de se retrouver dans cette condition. Il existe un autre problème, à savoir que les principales initiatives actuelles d'allègement de la dette arrivent à terme. Pour résoudre de façon globale les problèmes d'endettement de tous les pays en développement, le rapport recommande d'adopter des conditions plus souples et de créer un nouveau mécanisme pour une restructuration ordonnée des dettes souveraines encourues suite à la crise économique. Le Groupe de travail relève le fait que le coût de nombreux médicaments de première nécessité est en hausse, ce qui veut dire que même les génériques les moins chers pour les affections tant chroniques qu'aiguës restent hors de portée pour la plupart des pauvres de la planète. En 2008, les habitants des pays en développement payaient en moyenne trois à six fois les prix de référence internationaux. L'accès aux technologies de l'information et des communications, en particulier la téléphonie mobile et l'Internet, a progressé plus rapidement dans le monde en développement, mais le fossé numérique entre riches et pauvres reste très large. Alors qu'il y a plus d'abonnements au téléphone mobile que d'habitants dans le monde développé, le taux de pénétration n'est que de 57 pour cent dans les pays en développement. Le fossé se creuse encore en ce qui concerne l'Internet. Il y a 64 pour cent d'usagers de l'Internet dans le monde développé contre 18 pour cent dans les pays en développement. Il faut donc investir davantage dans ce domaine.