La protection des consommateurs est au cœur des réformes financières et bancaires entamées en Algérie. Selon un rapport conjoint de la banque mondiale et du Groupe consultatif d'assistance aux pauvres (CGAP) publié jeudi, le système financier algérien opère des opérations d'enquêtes bancaires sur une périodicité mensuelle pour surveiller les prêts bancaires accordés, ajoutant que cette supervision est un ''instrument important de régulation pour collecter les informations relatives non seulement aux volumes de prêts octroyés mais aussi à tous les aspects du système financier national.'' Le même document souligne, par ailleurs, que les volets de réformes financières menées par l'Algérie en 2009 ont porté, notamment, sur des mesures de protection des consommateurs, la limitation des multiples prêts et la facilitation de l'accès financier dans les zones rurales du pays. Pour ce qui est de la bancarisation, thème au cœur de l'étude en question, la situation en Algérie a enregistré une amélioration nette au vu des chiffres publiés. C'est ainsi qu'il est mis en avant le fait que le nombre de comptes de dépôts a atteint 736,5 comptes/1.000 adultes en Algérie, devançant ainsi le Maroc, la Syrie et le Yémen. Le conclusion du rapport mené sur la base d'une étude menée auprès des régulateurs financiers dans plus de 140 pays durant la période de turbulence financière internationale, entre 2008 et 2009, souligne d'ailleurs que dans la région Moyen-Orient et Afrique du nord, la moyenne est de 818 comptes bancaires/1.000 adultes contre 635 comptes/1.000 adultes dans l'ensemble des pays en développement. En outre, une moyenne se 5,3 agences bancaires par 100.000 adultes en Algérie est enregistrée, alors que le montant des dépôts bancaires représente 36,05 % du PIB, contre des prêts bancaires équivalant à 23,57 % du PIB. Abordant le système de paiements automatiques en Algérie, les deux institutions notent qu'en ce qui concerne les distributeurs automatiques bancaires et postaux (Automatic teller machine, ATM), il existe 5,75 distributeurs par 100.000 adultes, soit 0,60 machine par 1.000 km2. Dans la partie du rapport qui aborde la situation de l'accès financier dans les pays en développement en général, le rapport note que quelque 2,7 milliards de personnes dans le monde n'ont pas accès aux services financiers conventionnels même si la situation est en train de changer. L'étude montre que le nombre de comptes bancaires à travers le monde a augmenté malgré une chute du nombre de comptes de prêts et de dépôts. Soixante-cinq (65) comptes de dépôt pour 1.000 adultes ont été ouverts en 2009, soit une hausse moyenne de 4,3 %. Le recours au crédit a davantage pâti de la crise financière que les services de dépôt tandis que le nombre de prêts pour 1.000 adultes est resté globalement stable entre 2008 et 2009. "L'accès à des comptes d'épargne et courants est un besoin fondamental", a déclaré Nataliya Mylenko, principal auteur du rapport. "Le fait qu'un nombre croissant de personnes recourent aux services de dépôt malgré l'extrême volatilité des marchés financiers internationaux montre à quel point ces services sont utiles aux familles en période d'incertitude et de risque", selon l'étude. En lien avec un élan mondial, soutenu par le G20, visant une meilleure évaluation de l'accès aux services financiers, les décideurs s'engagent actuellement à respecter un programme de promotion de l'inclusion financière. "Alors que se multiplient les appels à une collecte renforcée et améliorée des données relatives à l'inclusion financière, y compris de la part du G20, l'étude annuelle Financial Access fournit des renseignements-clés et contribuera au suivi des progrès dans le temps", a déclaré Alexia Latortue, directrice générale adjointe du CGAP. Le rapport présente également les premières données mondiales comparables sur le volume des prêts accordés aux petites et moyennes entreprises (PME), estimé à 10.000 milliards de dollars américains en 2009. Financial Access montre que la mise en place des politiques d'inclusion financière par les régulateurs est souvent entravée par un manque de ressources. Malgré tout, le rapport témoigne également de tendances prometteuses, notamment l'essor de l'infrastructure dans les commerces et le recours aux nouvelles technologies pour fournir des services financiers à moindre coût. A l'échelle mondiale, une succursale bancaire, cinq distributeurs automatiques et 167 terminaux-points de vente pour 100.000 adultes ont été créés ou installés en 2009. Pour la première fois, le nombre de distributeurs automatiques a dépassé le nombre de succursales bancaires dans les pays à faible revenu. Les pays à faible et moyen revenus restent toutefois à la traîne par rapport aux pays à hauts revenus en termes de couverture physique. "Les nouvelles technologies telles que les paiements mobiles et les services bancaires en ligne, devraient modifier plus encore le paysage de l'inclusion financière", a affirmé Oya Pinar Ardic, l'une des auteurs du rapport. "Nous espérons que ces données présideront à l'élaboration des approches préconisées par les décideurs politiques qui travaillent à combler l'écart entre les populations en matière d'accès aux services financiers'', a souligné Janamitra Devan, vice-président du Groupe de la Banque mondiale et responsable du réseau pour le développement du secteur privé et financier. Le CGAP, qui est co-auteur de cette étude avec la BM, est un organisme indépendant qui a pour but d'accroître l'accès aux services financiers pour les personnes pauvres. Il est soutenu par plus de 30 agences de développement et fondations.